Nuit pourrie s'il en est : le lit est assez moyen mais surtout le thé ingurgité au dîner fait un effet boeuf, comme vous vous en êtes probablement rendu compte, chers abonnés, qui avez reçu une lettre d'info vous notifiant de la publication journalière de nos aventures sur facebook... à 2h40 et des brouettes.
Le lever est donc assez difficile ce matin, vers 8h30. Surtout que le jour se lève ici à 5h, bonne mère!! Ils sont fous, ces Bretons !
Nous partons une grosse demi-heure plus tard en quête d'un endroit où prendre le petit déjeuner. Nous le débusquons à quelques dizaines de mètres de notre bâtiment : Loudon's nous paraît être une enseigne bobo branchouille, tout ce qu'il nous faut pour démarrer du bon pied. Le cadre épuré industriel est sympathique et l'intérieur est bondé. Il est 10h du matin. Les serveuses courent dans tous les sens en portant des assiettes de toutes les tailles et couleurs, tout est tellement appétissant ! Mais le repas de hier soir est encore lourd et nous restons plutôt sérieux face aux étalages de gâteaux et sucreries, sans parler de la carte des plats qui nous offre des combinaisons infinies de petits déjeuners anglais, écossais, français (avec de grosses tranches de pain perdu fait maison et accompagné de fruits et/ou crèmes onctueuses à souhait) ou américain.
Nous nous contentons de porridge. C'est déjà bien assez British comme ça. C'est quoi le porridge ? Pour faire simple, des flocons d'avoine trempouillés dans du lait chaud et qu'on mange gonflés et ramollis, avec des fruits secs ou de la confiture en accompagnement. De toute façon, nous allons nous gaver de petits déj écossais dans les jours à venir, donc no regret pour l'instant.
LE CHÂTEAU SUR LE ROCHER
Nous partons ensuite à la conquête du Château d'Edimbourg, qui nous arrache un "wouah!" de surprise lorsqu'il nous apparaît brutalement au détour d'une rue. Il s'élève fièrement sur un roc à pic et toise la ville de ses pierres sombres qui se confondent avec la roche naturelle. Il faut dire qu'Edimbourg est construite sur d'anciennes collines volcaniques dont nous découvrirons la plus importante demain : Arthur's Seat (le Siège d'Arthur).
Le centre de la vieille ville (Old Town) est édifié sur les contreforts du volcan comme une sorte de minicrête qui constitue une fortification naturelle. Il s'articule autour de l'artère principale, le Royal Mile, qui relie le château à la résidence royale à l'autre extrêmité.
Pour l'heure, c'est donc le château. Tour à tour résidence royale, bastion, caserne ou prison au cours de l'histoire mouvementée de l'Ecosse, la bâtisse impose sa silhouette aux quatre points cardinaux de la ville. Nous grimpons, optimiste pour ma part quant à la visite, que j'associe à la visite de la Tour de Londres. Siège royal, prison, des couronnes, des bijoux et des touristes, c'est kif-kif.
Effectivement, il y a du touriste. Une horde de Chinois / Coréens, principalement, mais aussi des cars entiers de personnes âgées, des familles aussi bruyantes que dispersées. A cela on rajoute une bonne dose de gens qui se traînent et ne savent pas où ils vont, des mioches qui piaillent et qui hurlent, des badauds qui vous bousculent, une billetterie introuvable au départ car carrément à l'intérieur du château... Tout ceci me met de fort mauvaise humeur, tu t'en doutes, lecteur attentif.
Une bonne demi-heure d'attente en chicanes pour acheter deux billets à 17 livres pièce quand même (presque 20 euros, parbleu ! comme dirait notre Titi médocain). La seule note positive de ce moment est la découverte d'un petit jeu marrant auquel jouent deux Français derrière nous. Nous les entendons depuis le début dire des mots autour d'une même thématique, compter des points, gagner de l'argent, regarder des images et s'esclaffer... Je n'en peux plus, je leur demande ce qu'ils trafiquent sur leurs portables. Le type m'explique le jeu que je télécharge de suite et nous passons le reste de l'attente à la billetterie sans nous en rendre compte. (Ah oui, le jeu, c'est "94%", pour ceux que ça intéresse).
Pour faire court : beaucoup de vues panoramiques depuis les créneaux, dans toutes les directions, c'est vrai. Le château en lui-même est vraiment magnifique, son allure de forteresse massive et austère me replonge dans la période de l'histoire que je préfère : le Moyen-Age. Les allées étroites serpentent entre des hauteurs crénelées de blocs rocheux énormes. On n'a aucune peine à s'imaginer les soldats, les chevaux évoluer dans ce décor.
Mais pour ce qui est de l'intérieur, quelle déception. Des salles vides, bondées de touristes bien sûr. Et il nous faut au passage poireauter encore une demi-heure pour avoir l'insigne honneur d'observer les Bijoux de la Couronne : en fait, une seule couronne avec deux épées et des pierres minuscules (quand on a vu celles de la Tour de Londres, à tomber).
LA PIERRE
Le seul petit point d'intérêt pour moi est de voir en "vrai" un morceau de la fameuse Pierre du Destin, ou Pierre de Scone, sur laquelle les rois d'Ecosse et d'Angleterre se sont fait couronner pendant plus d'un millénaire. L'originale se trouvait en Ecosse, à Scone, lorsque le roi Édouard 1er (le "méchant" roi d'Angleterre contre lequel William Wallace - Braveheart - s'est battu) s'en saisit comme butin en 1296 et la rapporte à Westminster pour la placer sous le Trône du Couronnement. Elle ne fut restituée au gouvernement écossais que 7 siècles plus tard, en 1996 ! Et elle se trouve désormais ici, au Château d'Edimbourg, juste sous mes yeux. Bon, c'est un gros bloc de pierre aux arêtes émoussées avec des tiges métalliques rouillées aux extrémités. Pas de quoi casser 3 pattes à un canard, fût-il écossais.
Bref : grosse, très grosse, énorme déception dans l'ensemble, pour moi en tout cas (Pentax ne s'attendant pas à grand-chose d'Edimbourg de toute façon) surtout pour le prix exhorbitant. Nous sommes abattus (même si l'on savait déjà que les endroits touristiques ne sont pas notre fort, loin de là), fatigués et redescendons de la forteresse pour commencer à arpenter le Royal Mile.
ROYAL MILE
Là aussi, comme il s'agit de Old Town, l'Edimbourg médiévale, je m'attendais à quelque chose de plus... médiéval. Une large rue pavée avec certes de beaux et vieux bâtiments de part et d'autres, mais beaucoup de circulation, et toujours cette horde de touristes qui va et vient, traverse, achète, boit, mange et pose en selfies. Ereintant et déprimant.
Nous découvrons néanmoins certaines de ces petites allées biscornues qui émanent du Royal Mile comme autant de petites veines sombres. On les appelles des wynds, ou des closes. D'authentiques coupe-gorges, jadis, à n'en pas douter. Intéressant. Mais voilà, juste au moment où on veut prendre une photo, il y a toujours cette grosse dame au tee-shirt rose accompagnée de son mari dégarni en sandales-chaussettes qui se foutent en plein devant, hésitant d'un pied sur l'autre, ne sachant que faire pour ne pas nous déranger, avancer/reculer?, où alors incommodés par une grosse envie de pipi (ou de nous faire ch..). On attend, donc, ils avancent, nous regardent en souriant, penauds et repartent. Pour être remplacés l'instant d'après par une meute de jeunes chinoises au paroxysme de l'hystérie en voyant deux comédiens de rue bedonnants déguisés en Dark Vador (ou "Darth", pour les puristes) et Stormtrooper. Pfiou, j'te jure, lecteur, j'ai bien eu envie de leur sauter à la gorge, à ces pucelles venues du fin fond de l'Orient, mais n'en ai rien fait.
PAUSE
Nous faisons une pause plus que méritée dans une pizzeria, continuons à jouer à notre nouveau jeu pour digérer. Il est déjà presque 16h! Nous allons fureter dans un ou deux magasins de souvenirs, voir ce qui se fait par ici. Les mignonnettes de whisky ont le vent en poupe, avec probablement une marge à faire pâlir les financiers de Wall Street. Beaucoup de Nessie aussi, et moultes mochetés décoratives. Très peu de Queen Elizabeth, tiens. Cocasse. Ça sent toujours un peu le référendum de l'indépendance qui leur pend régulièrement au nez, aux Angliches.
Nous en profitons pour réserver notre soirée de demain avec la visite de l'Edimbourg parallèle, celle des cryptes et des souterrains dans lesquels la partie la plus pauvre de la population survivait il y a trois cents ans. Visite de nuit qui se conclura par celle du vieux cimetière de Blackfriars avec ses fantômes. De 22h à minuit, ça devrait le faire ! Mais ce n'est que pour demain.
RETOUR
Au retour, nous passons par ce même cimetière, assez romantique et bucolique avec ses pelouses vertes et ses massifs, au milieu desquels sont plantées des pierres tombales rongées par le temps. L'arrêt suivant est au pub, il nous fallait bien ça. Une Guinness et un cidre-qui-n'a-aaaaaabsolument-rien-à-voir-avec-ceux-qu'on-boit-chez-nous plus tard, nous reprenons le chemin de la chambre. Bon, je me gausse, je me gausse, mais Pentax a raison : c'est vrai qu'il est super bon, leur cidre à la pression.
Ce "coffre-fort mortuaire" fut placé sur la tombe pour empêcher les pilleurs de tombe de déterrer le cadavre et le vendre aux écoles médicales pour les cours d'anatomie.
Nous dînons dans un bar à burgers où je déguste le meilleur sandwich du monde intergalactique : le "Chèvre pas si seul" (not so lonely goat) : un steak de bœuf (écossais of course) dans un pain brioché, agrémenté d'une épaisse tranche de fromage de chèvre, quelques feuilles de roquette, une sauce mayo et des oignons caramélisés dans du vinaigre balsamique. My God, so good. Les frites sont même faites maison. Il y a un Dieu, finalement. Cette journée n'aura pas été totalement perdue !
Notre Avis sur 5
... qui n'engage que nous!
Château d'Edimbourg : 🤩🤩
✅ cadre extérieur à voir quand même, beau panorama sur toute la ville
❌ très touristique, cher (car plutôt vide à l'intérieur)
Royal Mile : 🤩🤩🤩
✅ balade typique et sympa avec l'exploration des "closes"
❌ très touristique
Greyfriars Kirkyard : 🤩🤩🤩🤩
✅ typique, calme, curieux (il faut aimer les cimetières!)