URBan EXploration
Les carnets kronoscopiques
Kronoscopie n.f. (du grec Χρόνος, personnification du Temps et σκοπεῖν, skopein, « observer, examiner »)
Un joli mot qui n'existe pas pour témoigner de vies qui n'existent plus. L'observation des marques du temps qui passe sur les bâtiments, les habitations, toute construction humaine abandonnée à la nature et aux éléments.
Les hommes bâtissent, habitent ou exploitent puis disparaissent. Leurs ouvrages s'évanouissent également, mais sur une échelle chronologique bien plus longue qui nous laisse le loisir d'observer leur lente et irrémédiable dissolution dans ce temps dont les marques deviennent alors si graphiques, si palpables, et tellement photogéniques.
Qu'est-ce que l'UrbEx ?
L'exploration urbaine ou UrbEx ( urban exploration en anglais, ou UE) est une activité qui consiste à découvrir et explorer des lieux construits par l'homme et le plus souvent interdits, secrets ou abandonnés.
L'UrbEx peut avoir plusieurs finalités : la simple exploration de ces lieux pour le plaisir de les (re)découvrir tels qu'ils ont été laissés ou conçus. Ces structures n'étant plus utilisées ou interdites au public, et dans le premier cas en état plus ou moins avancé de délabrement, aucune mention n'est faite quant à leur localisation, ce qui donne un défi supplémentaire à l'explorateur qui doit jouer de sagacité et de patience pour les découvrir, ou découvrir comment les infiltrer. Cette activité s'est élargie au cours de la dernière décennie et englobe plusieurs domaines tels que la toiturophilie (exploration des toits de maisons, églises, gratte-ciels, mais aussi grues, cheminées), la cataphilie (exploration de catacombes), la découverte des réseaux souterrains de drainage des eaux, des tunnels, l'escalade des bâtiments...
Dans sa forme la plus courante néanmoins, l'urbexeur est également photographe et adopte une démarche soit journalistique, dans le but de documenter l'existence et la disparition d'un élément du patrimoine architectural ou industriel, produisant ainsi un véritable reportage photographique lors de sa visite, soit artistique, plus attiré par le caractère "photo-graphique" des scènes découvertes.
Caractéristiques
L'activité est naturellement illégale et encourt des risques de diverses natures :
- juridique : l'infiltration (comprendre : pénétrer sur une propriété privée ou publique sans autorisation) avec ou sans effraction est passible de sanctions.
- physique : les lieux étant la plupart du temps délabrés, on n'est jamais à l'abri d'une mauvaise chute ou d'un effondrement. Le bon sens prime...
- sanitaire : beaucoup d'anciens bâtiments sont encore bourrés d'amiante. Et suivant la nature des lieux, l'explorateur peut se retrouver en contact avec des gaz toxiques ou explosifs, voire même dans des sites extrêmes (Pripyat en Ukraine, mon rêve!) des substances ou objets radioactifs.
- autre : il est toujours possible de faire une mauvaise rencontre : voisin curieux et armé jusqu'aux dents, chien de garde, vigile, police, marginaux...
Evidemment, je noircis le tableau. C'est néanmoins une activité très excitante qui me met en transe dès que nous trouvons un nouveau spot. Quelle jubilation de préparer tout le matériel (appareils, batteries, trépieds...) et partir découvrir un nouveau bâtiment...
L' "ennemi" de l'explorateur est le curieux, voire l'autre explorateur. Les règles implicites de chaque visite sont : ne pas partir seul, ne pas s'infiltrer par effraction, ne rien voler ni dégrader, et ne pas (trop) divulguer ses spots, afin de ne pas entraîner trop de visites qui pourraient dégrader le lieu davantage. L'explorateur se doit d'être un courant d'air : entrer, visiter, peut-être photographier, puis disparaître. Nous nous efforçons de respecter ces règles. Nous pouvons déplacer un objet, ouvrir une porte pour un meilleur cliché, mais rien de plus. Tout est sanctuarisé.
Je n'encourage néanmoins personne à se lancer dans cette activité qui peut être dangereuse. Il est également évident que je ne divulguerai aucune adresse des lieux visités, à moins qu'ils soient connus et déjà identifiés dans les médias. Ni en message privé, ni en public sur ce site. Si quelque lecteur intéressé veut se lancer dans l'aventure, les responsabilités sont les siennes et en aucune manière je ne participerai à lui faire prendre des risques.
Le sacro-saint commandement des urbexeurs est "ni dégât, ni effraction". Aussi, nous ne cassons rien pour pénétrer dans ces bâtisses. Nous ne prenons évidemment rien sur place, sinon des clichés. Nous ne dégradons pas ni ne laissons aucune trace de notre passage, quelle qu'elle soit.
Bon voyage dans ces époques révolues dont voici quelques clichés :