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Le Chêne Brûlé

FRANCE - 2013

 

 

J'ai connu le Chêne brûlé du temps où il ne l'était pas. C'était une belle maison bâtie au fin fond d'un bois, à l'écart de tout et de tous, dans la campagne non loin de chez moi. C'était la maison d'un de mes copains de lycée. Puis l'habitation fut vendue, et plus tard acquise par un groupe communautaire apparemment plutôt secret (que la rumeur appelle une secte), avant de finir brûlée il y a quelques années. 

 

  

   

 

 
 

 

 

A l'automne 2012, lors d'un repas chez des amis juste après avoir vécu notre première session d'UrbEx et à qui nous en parlions, Stéphane nous remet en tête cette maison brûlée, qu'il voit chaque fois qu'il part ramasser des champignons. "Elle devrait vous intéresser", nous glisse-t-il...

L'idée est restée dans un coin, attendant patiemment son heure. Puis ce 10 novembre 2013, elle resurgit, alors que nous ne faisons pas grand-chose et que le temps est correct. Nous prenons le matériel, ma fille avec et nous partons. Il nous faut bien le GPS car je ne saurais plus y revenir sans aide. Je crois même m'être trompé une fois ou deux mais nous y parvenons enfin.

Nous garons la voiture, sortons, nous préparons et pénétrons sur la propriété. C'est un peu choquant, connaissant l'histoire des lieux. Choquant et douloureux, mais encore et toujours, et surtout : excitant. Pentax & Nikon sont lâchés. Le spectacle commence. Les dommages sont considérables.

Je n'y étais pas venu souvent, mais je ne reconnais quasiment rien, à part la zone de la piscine et le parking à l'entrée. La nature est en train de reprendre ses droits, tout pousse, partout, dans un chaos silencieux. C'est la désolation. Un semblant de "rangement" est visible, un gros tas de laine de verre est empilé dans un coin de l'ancienne salle à manger je crois.

Des appareils ménagers rouillent dans l'eau verdâtre de la piscine. Ca fait froid dans le dos. Pas un bruit dehors, même Eléa inspecte la ruine et ne dit rien. Nous faisons deux équipes, comme d'habitude, pour minimiser le risque de doublons (néanmoins inévitables).

Juste quelques bruits de pas dans du verre brisé, une planche qui craque, une porte qui grince. Je ne me rappelle plus combien de clichés je prends mais une bonne centaine, au bas mot. Quant à Pentax, Monsieur brackète, ce qui signifie pour le néophyte qu'il prend tout en triple avec des expositions différentes pour ensuite choisir la meilleure.

Je me retrouve à escalader des bouts de poutres carbonisées, me rapprocher "assez" près du bord de la piscine ("assez" pour que ma fille m'interroge sérieusement sur mon intention de prendre un bain ou pas) ou prosterné dans l'eau pour prendre la photo ci-dessus, avec la pelllicule de super 8. Que peut-il y avoir dessus ? Et si on la prenait, j'ai un projecteur à la maison... Non. On ne prend jamais rien. C'est une des règles d'or de la discipline.

Nous ne sommes pas au bout de nos surprises : en contournant la maison, je (re)découvre l'étendue de la propriété derrière, en suivant le chemin de terre. Il y a des constructions en parpaings. Des garages probablement. A priori, rien de bien extraordinaire, mais bon, allons-y quand même.

Je fais bien : des plaques funéraires, des plaques de remerciements jonchent le sol, un certain Monseigneur GHV, des personnes "reconnaissantes", "merci de m'avoir guérie avant l'opération"...

Cela devient plutôt inquiétant. D'ailleurs, Eléa n'est plus très rassurée. Elle me demande si des gens sont enterrés ici. Je lui réponds que non, sans vraiment y croire. "Ça fait cimetière". Tu m'étonnes. Et l'imagination tricote à une allure folle dans ce genre de mise en scène. Et tout ce silence. Des cahiers d'écoliers manuscrits, des comptes, des polaroïds effacés, des journaux, tout en tas dans l'un des garages sans toit. Qui étaient ces gens ? Que faisaient-ils ? Des guérisseurs ?

L'obscurité s'accentue, il est 17h passées. Nous plaisantons un peu avec Eléa, lui faisons un peu peur mais sans trop insister. On n'a pas grand-chose à faire, tout y est déjà. Je m'en veux de l'avoir amenée avec nous. Elle s'est un peu ennuyée. Nous sommes restés à peu près 1h30 sur les lieux. Cette maison est devenue vraiment troublante.

Derniers clichés, derniers détails puis nous rangeons le matos dans la voiture avant de partir et laisser la maison diminuer derrière nous lentement puis disparaître au détour d'un virage.

 
 
 
 

 

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Pourquoi "Ways and Days"?

Ways, c'est "chemins" en anglais. Et days, jours, bien sûr.

A travers ce blog, je partage ma double passion : la photographie et les voyages. Rien de bien extraordinaire, évidemment, mais ce ne sont pas de simples voyages "géographiques" qui me font parcourir des chemins aux quatre coins du monde, même si l'attrait est évident. Je fais également de la photo d'UrbEx, c'est à dire d'exploration urbaine, qui m'entraîne à découvrir des lieux abandonnés : capter le souvenir de cette vie passée, de cette agitation qui n'est plus, capturer les traces du temps, de ces jours, de ces années, envolés, le délabrement progressif des murs, des meubles, des objets oubliés, ces atmosphères pétrifiées, imaginer des vies souvent d'une autre époque, penser à ces âmes qui ont un jour parcouru ces lieux constitue pour moi autant de voyages temporels.

Chère lectrice, cher lecteur, tu trouveras une partie photos avec des galeries d'images, et aussi, si tu es plus intéressé(e), une partie carnets de voyage, ou tu pourras lire le récit au jour le jour de nos péripéties à l'étranger. Une dernière partie sera consacrée à l'UrbEx.

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