La Minoterie
FRANCE - 2012
Un moulin à blé occupait l'emplacement de cette usine dès 1466, avant d'être reconstruit, agrandi, transformé et reconverti en minoterie en 1691. Le bâtiment s'agrandit encore, survit à la Révolution et continue de vendre sa farine dans toute la région, ne cessant de se moderniser et se développer pour devenir l'une des plus importantes du sud-ouest jusqu'en 1893, lorsqu'un incendie ravage les lieux et entraîne sa mise en liquidation.
Rachetée par une société locale de fabrication d'huiles alimentaires, la bâtisse se voit ré-aménagée pour traiter les arachides venues du Sénégal. Dans les années 30, au plus haut de sa production (250 tonnes de graines traitées par jour), elle fournit du travail à 550 ouvriers. Les farines sont envoyées en France, y compris L'Outre-Mer. A partir de 1955, l'usine est reconvertie en fabrique d'aliments pour bétail. On y édifie des ateliers et des silos. La production s'arrête en 1979 et en 1981 une société s'y installe pour fabriquer des caisses de bois pour le vin. La minoterie est laissée à l'abandon. |
Retour en 2014. Nous découvrons que la minoterie ets en cours de rénovation.
Par un beau dimanche d'octobre 2012, je me suis souvenu au cours d'une ballade qu'il y avait une usine à l'abandon non loin qui n'attendait que nos objectifs pour se refaire une beauté... Nous sommes partis un peu beaucoup en touristes, moi même sans rien d'autre que mon iPhone, Olivier (dont le nom de code est Pentax, le mien étant Nikon, allez savoir pourquoi!) avec son appareil, qu'il ne quitte jamais. Arrivés sur les lieux, nous garons la voiture près de l'ancien pont puis nous approchons des bâtiments par la route, comme de parfaits marcheurs du dimanche. 2 caresses au cheval du voisin puis nous attaquons le dossier. Première inspection : pas de barrière mis à part un vieux panneau cloué à un arbre disant "Propriété privée".
Olivier me demande si je l'ai vu, je réponds que non. Lui non plus d'ailleurs. Nous avançons. Une habitation est collée aux bâtiments industriels. Le gardien, peut-être? Y a-t-il seulement un gardien? Nous contournons le complexe par l'arrière, à travers les herbes, un oeil devant, un oeil derrière et les oreilles en alerte. On a l'impression de commettre le crime du siècle, quelle excitation ! Une fois dans l'enceinte, c'est la folie, Pentax et Nikon sont lâchés. Le bâtiment central est en piteux état. Les salles sont vides à part quelques racks et étagères au rez-de-chaussée. La végétation a commencé à s'insinuer à l'intérieur par les fenêtres, les ouvertures, la moindre fissure.
Cette usine fut au début du 18e siècle une minoterie (fabrique de farines de céréales) puis devint une huilerie, employant jusqu'à 550 ouvriers dans les années 30. Puis nous découvrons la cage d'escaliers. Nous ne pensions même pas pouvoir monter dans les étages et elle est là, ouverte à nous... et en bon état apparent. L'étage est magnifique. Et dangereux, des pans entiers de sol manquent. Mais quelle vue. Je regrette amèrement de n'avoir que mon téléphone pour prendre des photos. Le soleil de fin d'après-midi éclaire les salles de tâches jaunes et brillantes, les fenêtres aux carreaux cassés prennent une toute autre allure, tout est beau.
Pentax a disparu, vole de salle en salle, de fissure en poutre, l'index en alerte. Je prie que mon téléphone ait assez de batetrie pour finir l'exploration. C'est qu'on a encore les toits à voir ! Mais la lumière change vite, le soleil commence déjà à se coucher. Nous ne faisons qu'un passage éclair à l'extérieur en prenant garde de ne pas nous faire remarquer depuis le sol et les habitations environnantes. Pour une première, ce fut juste énorme. L'une des plus belle explorations jusqu'à présent. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot : je reviendrai avec un vrai appareil photo.