La Viticole
FRANCE - 2014
Cette demeure fut construite en 1852 au centre d'un vaste domaine viticole. Le bâtiment présente un mélange architectural de classicisme à la française et de Renaissance italienne, si l'on en croit les spécialistes. Elle fut la propriété d'un célèbre peintre local qui y mourut au début de la Grande Guerre après avoir passé une partie de sa carrière à Paris, où il fut notamment le maître d'un autre peintre de l'époque de renommée mondiale. Elle appartient désormais à une grande famille viticole de la région. (Ce que nous ne savions pas au moment de l'exploration.) |
Au cours d'un repas entre amis où nous parlions de nos aventures d'urbexeurs en herbe, Nico nous fait part de cette grosse demeure bourgeoise, probablement viticole, totalement abandonnée qui se trouve en bordure de route, sur la route de ***. Je vois très bien où elle se trouve, j'y passe depuis que je suis tout gamin. Je l'ai déjà vue, assurément, mais jamais regardée. Et me suis encore moins rendu compte qu'elle était vide... Ce dimanche 4 mai, nous prenons donc le matos, et en voiture Simone, Pentax et Nikon battent la campagne vers la belle maison aux volets clos. Après avoir garé la voiture non loin, nous parcourons 500 m à pied et rejoignons la propriété par les vignes. Il n'y a aucune barrière, aucun portail.
Le bâtiment carré est imposant, ceint de rangs de vignes. Tout est fermé et se pose alors une question qui jusque là ne nous était jamais venue à l'esprit : comment rentre-t-on sans rien casser ? Chacun s'attaque à un côté et nous contournons l'édifice, testant chaque volet, chaque porte, qui sont tous malheureusement verrouillés. Notre premier échec. On est chauds bouillants, prêts comme jamais et voilà notre exploration avortée avant même de commencer : on ne peut pas entrer. Mais c'est sans compter sans notre oeil averti ! On a bien vu que la porte de service, à l'arrière, était en très mauvais état et avait perdu un bon morceau de sa partie basse, d'ailleurs remplacée à l'intérieur par une pierre qui bouche le trou.
C'est le seul point d'infiltration possible, on va jouer à la guéguerre et ramper à l'intérieur en passant par ce trou qui tombe à point nommé. Je donne de grands coups de pied dans la pierre qui recule à l'intérieur et me faufille dans le noir. Il fait frais, ça sent l'humidité. Pas de bruit, pas de bête, tout va bien. En me relevant, je m'aperçois bêtement qu'il y a un verrou de porte coupe-feu: le loquet est actionné par une barre transversale sur laquelle on doit appuyer pour le libérer. Et de cette barre pendouille une bande de tissu... que l'on voyait depuis l'extérieur et qu'on aurait tout simplement pu tirer. Bref, cela n'enlève en rien le sentiment que j'ai été Indiana Jones pendant 15 secondes...
Une fois à l'intérieur, comme d'habitude, on fait deux équipes. Pentax et sa machine redoublent de cliquetis dès le premier pas, alors que Nikon, votre serviteur, sort le grand tralala : appareil, trépied, télécommande et caméro GoPro, que mes amis viennent de m'offrir pour mon anniversaire. Ce sont les premiers essais de photos en grand-angle. Belle demeure, même si elle n'est pas vraiment abandonnée comme nous finissons par le découvrir, mais en rénovation. Pas grave, ça le fait quand même. Nous ne sommes que des ombres, ne touchons rien, ne cassons rien ni ne prenons rien d'autres que des photos.