Incroyable nuit ! Enfin, si de nuit je puis parler. Il n'a absolument pas fait nuit en fait. Jamais l'obscurité complète. Au plus sombre, on pouvait y voir comme chez nous en été vers 21h. Nous dormons avec des masques de voyage, cela ne gêne pas, mais j'ai l'impression d'avoir 10 ans de nouveau et de devoir me coucher tôt. C'est tout de même très particulier.
Ce matin, réveil à 7.30, douche et petit dej dans la foulée. Au menu : divers pains, légumes, œufs durs, lait, thé, céréales et confitures. Ah oui, une nouveauté : des fromages à tartiner genre Philadelpia, mais arômatisés aux poivrons, champignons et je ne sais quoi d'autre. Peu de goût, en fait.
Dehors, le ciel est bas, quelques gouttes tombent et il fait une dizaine de degrés, bien plus supportables sans le vent de malade de hier. Nous partons. Au programme aujourd'hui : exploration de la péninsule du Snæfellsnes, le fameux volcan dont Jules Verne s'est inspiré pour faire voyager ses personnages au centre de la Terre. C'est par ici qu'ils y entrent avant de finir leur périple en étant vomi par le Stromboli en Sicile. Bref. La route est bonne, les paysages magnifiques, super journée qui s'annonce.
BUÐIR
Annoncé comme un village de pêcheurs abandonné, Buðir n'en est en fait que l'emplacement. Il ne reste qu'une église de bois noire datant de 1848, à l'intérieur d'un petit cimetière toujours "en activité". Nous y restons une heure. L'église en elle-même est belle et se détache du paysage désolé et grandiose, mais en poussant au-delà, nous parcourons la lande et nous rapprochons de falaises de lave noire totalement déchiquetées et qui semblent avoir coulé la veille sur un tapis d'herbes vert clair. Le contraste des couleurs est saisissant. Nous descendons au niveau de la mer, d'une limpidité impossible. Les rochers sont des gigantesques galets polis, on se croirait réduits à la taille d'insectes ! La lave est coupante, acérée et ces galets ressemblent à des boules de plastique brillant. Incroyable.
VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE
Nous poursuivons notre chemin le long de la côte sud, nous aurons fait une boucle ce soir en fait, et nous arrêtons à Arnarstapi, où la vue des falaises où nichent des centaines d'oiseaux est majestueuse. Là encore, la lave noire déchiquetée plonge dans les eaux bleu clair de l'Atlantique en formant parfois d'étranges colonnes. Le vent se lève. Une grosse statue de pierre aux allures de troll trône au bord de la falaise en l'honneur de Barður, esprit protecteur de la région. On dirait une grosse cloche de loin. Tiens, y'a des Chinois pas loin qui se mitraillent. Nous prenons des photos de tout nous aussi, enjambant les cordages de sécurité pour nous rapprocher au maximum du bord. Nous ne sommes pas français pour rien.
Le monument à Jules Verne ne case pas des briques : un grand panneau annonçant qu'ici commença le Voyage au centre de la terre, accompagné d'un poteau indiquant les directions et distances par le centre de la terre des grandes villes du monde. Sympa. Nous poussons au bout du bout du village, où nous découvrons un petit port protégé par une digue de roches noires et surplombé d'une falaise que nous décidons d'explorer, comme les autres touristes. Le vent souffle maintenant très, très fort. En passant devant le parking, je vois une mère courir pour rattraper sa gamine de 3 ou 4 ans qui marche en diagonale d'un pas déséquilibré.
Au sommet, c'est du jamais vu. Les rafales dépassent allègrement les 100 km/h. Olive évoque même les 150. On se prend en photo dans des positions que seul le vent nous permet de conserver. Il souffle deux fois plus fort qu'hier et le froid devient difficile à supporter. Dire qu'il y a une semaine, nous étions encore dans une piscine sous un soleil de plomb en Espagne, à nous plaindre de la chaleur. Nous sommes hilares, c'est énorme ! Ils vont tous nous dire qu'on est tarés d'être ici, en plein mois de juillet, mais nous apprécions chaque minute. Oui, notre exploration se compte en minutes. Après, c'est retour dans la voiture tellement nous sommes gelés.
En chemin, nous regrettons de ne pas avoir réservé de billets pour la visite de grottes de Vatnshellir avec des lacs de lave souterrains, d'après le guide. Et justement, nous passons devant une cahute avec des touristes portant tous des casques de spéléologie. On s'arrête, sait-on jamais...
5 minutes plus tard, nous voilà équipés de nos casques, nos lampes torches et en pleine descente dans la grotte. Équipé en plus de mon appareil photo et de la GoPro sur perche, bien que n'ayant que deux mains, je manque finir la descente de l'escalier en colimaçon par un roulé-boulé dantesque et sonore. Mais je me rattrape au dernier moment.
C'est finalement une grosse arnaque, même si le guide est sympa et plaisante : juste une surprenante et gigantesque colonie de bactéries étincelantes comme des cristaux dans les rayons de nos torches, mais aucun lac souterrain, juste des grottes en enfilade, sans lumière, très moyennement intéressant.
Il est déjà presque 14h et nous nous arrêtons acheter à manger à Hellissandur, pique-niquons sur le bord de la route puis repartons finir notre boucle péninsulaire. La côte nord est très belle : Rif, Olafsvik et même la "grosse ville" de Grundarfjörður (jumelée avec Paimpol !!!) ne sont que des hameaux, des villages tout au plus, étalés sur des landes verdoyantes et désolées, battues par les vents. Individuellement, les maisons multicolores ne sont pas forcément très jolies, mais au loin, le mélange des couleurs rend la vue magnifique. On dirait des villages-jouets, écrasés par les monstres volcaniques alentours.
Ce soir, retour presque au point de départ puisque nous sommes logés à 5km de la veille, dans une autre guesthouse, qui a plus l'air d'un préfabriqué monté à la hâte pour touristes en mal de logement.
Alors que je termine ce rapport, Olivier rentre d'une de ses expéditions au bord de l'eau et m'annonce fièrement qu'il vient de se faire attaquer par des sternes qui l'ont canardé de fientes à plusieurs reprises en le survolant ! Il en a sur l'appareil photo, les cheveux et le dos. Et il est mort de rire. La nature est généreuse.
Au dîner : soupe chinoise en plastique et ces fameux fromages aromatisés que nous allons goûter. 12€. Nous remboursons notre crise économique de la veille.
Notre Avis sur 5
... qui n'engage que nous!
Péninsule du Snæfellsnes : 🤩🤩🤩🤩🤩
✅ Sauvage, paysages magnifiques, couleurs incroyables.
Buðir & Arnarstapi : 🤩🤩🤩🤩
✅ Curieux, anecdotique pour Jules Vernes et le départ de son Voyage au Centre de la Terre (Arnarstapi). Magnifique côte à Buðir.