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Réveil en douceur ce matin, nous nous levons vers 8.30. On doit gérer la location d'une voiture pour notre retour à Paris et nos expéditions d'UrbEx du week-end. C'est réglé en quelques minutes. Nous n'avons plus de lait pour le petit déjeuner donc nous partons directement pour notre journée de visites sur la Péninsule de Reykjanes, à l'extrême sud-ouest de l'île. En France, nous serions dans le Pays basque.

On s'arrête dans une station N1 pour s'acheter de quoi manger puis nous prenons la route 41 vers le sud, en direction de Keflavík et son aéroport, et la côte. Nous passons par de petits villages magnifiques sous ce beau soleil : Hafnir aux toits colorés, avec sa petite église et son cimetière aux croix blanches. Une ancre antédiluvienne énorme est au sol non loin. Nous apprendrons par la suite qu'il s'agit de l'ancre du Jamestown, vaisseau fantôme qui dériva mystérieusement en 1870, avec une pleine cargaison de bois mais plus un homme à bord.

Puis nous arrivons au Pont entre les deux continents (Miðlína). Intéressant. Ce pont métallique relie les plaques nord-américaine et eurasienne, distantes d'une vingtaine de mètres ici (à la différence de Þingvellir) et s'écartant toujours plus chaque année. Enfin on nous présente un dessin qui nous explique le pourquoi du comment. Très instructif. Et donc beaucoup moins de monde qu'aux geysers de hier par exemple.

 

les zones claires sont les zones de contact

 

Nous continuons à longer la côte sud. Depuis quelques kilomètres, nous passons de drôles de piquets avec des boules en verre plus ou moins grosses à leurs extrémités. Certaines voitures sont garées sur les terre-plein aménagés devant et des gens se photographient. On ne s'arrête pas. On ne peut pas s'arrêter tout le temps.

Nous nous retrouvons rapidement à la pointe la plus occidentale de la péninsule, où trône évidemment un phare blanc et rouge. La piste (non goudronnée depuis un petit moment) serpente jusqu'au bout de la falaise. Olivier dirait qu'elle "sicotte", mais ce n'est pas le propos. Nous faisons une halte au pied du phare, où nichent des dizaines de sternes bruyantes et virevoltant autour de leurs nids. Nous nous approchons pour les photographier, sur fond de phare, cela serait du plus bel effet.

 

 

Nous sommes agenouillés près d'un muret de pierres volcaniques et shootons tous azimuts. Elles sont partout, s'élèvent, plongent, piaillent à pleins poumons... et nous identifient de suite comme un potentiel danger. Et à qui s'en prennent-elles ? A moi !

Je me fais agresser frontalement par 4 ou 5 d'entre elles, piquant vers moi jusqu'au dernier moment dans des appels stridents à la mise à mort de la pauvre victime que je suis. Autant la première fois, je les avais provoquées et cela m'avait amusé, autant là... Je flippe un peu, soyons honnête. C'est tout de même impressionnant. Et me voilà gesticulant à grands moulinets de bras pour les écarter de ma tête car je sens bien qu'elles n'attendent qu'une chose : établir un contact bref mais pénétrant avec mon crâne. Je manque de peu une fiente qui visiblement m'est adressée.

 

oiseaux

© O. Guillot

 

Heureusement, Olivier est là qui vient à mon aide. Il déploie son blouson rouge en courant autour de moi et en poussant des grondements rauques pour les effrayer et ça marche ! Elles s'envolent bientôt vers le gros de la troupe et nous pouvons finir nos photos tranquillement.

Non, je plaisante. Il ne m'a pas aidé. L'espace d'une seconde où, à bout de souffle, je me demande si je ne viens pas de me métamorphoser en Tippi Hedren poursuivie par des corbeaux dans un film en noir et blanc, je vois Pentax tourné vers moi, hilare, en train de me photographier ! Quel... Oh je préfère ne même pas finir ma phrase et dire ce que je pense de lui à ce moment précis, tu serais outré, lecteur bien élevé. Mais c'est de bonne guerre. Je n'aurais pas agi différemment s'il avait été dans mon cas.

Après une balade rapide sur le bord de la falaise, nous reprenons la voiture et poursuivons notre route vers une centrale géothermique qui fait visiter ses installations. Nos guides sont enthousiastes. Nous le devenons également. Malheureusement, les visites ne sont possibles que le weekend. Déception. Mais garés sur le parking, nous obtenons la réponse au mystère de la matinée, à savoir : quelles sont ces boules étranges sur le bord de la route que tout le monde photographie ? Nous en avons une devant notre véhicule, la plus grosse. En fait une demi-sphère, jaune orangé avec un panneau planté à côté : SUN. Le soleil ! Il s'agissait donc des planètes, et Olivier déduit qu'elles sont disposées sur la péninsule proportionnellement à leur distance au soleil dans le cosmos ! Géniale idée, très originale ! Ça donne presque envie de repartir les voir, mais nous avons mieux à faire : manger. Auparavant, petit arrêt à l'entrée de l'usine pour faire quelques photos des énormes tuyaux, ils sont plus large que moi, sous lesquels j'essaye de me faufiler pour avoir THE cliché, avant de glisser sur un caillou et en une seconde me retrouver couché sous l'un d'eux, sur le dos, les quatre fers en l'air. Au passage, je m'écorche le genou opéré, probablement pour faire le pendant avec mon autre jambe, blessée quelque jours tôt en pleine séance d'UrbEx.

 

 

Il est presque 14h et nous filons vers une station service à l'entrée de Grindavík où nous attendent de bons et caloriques sandwiches accompagnés de leurs frites et leur sauce cocktail pas très bonne, avant de poursuivre l'exploration de la péninsule, côte sud.

 

 

Nous croisons ensuite le chemin d'un nouveau champ géothermique cracheur de vapeurs sulfurées : Gunnuhver. Tiens, celui-ci porte le nom d'un fantôme-femme du 18ème siècle, Gunna Quelquechose, qui aurait été ensorcelée pour s'être vengée de son logeur du temps de son vivant. Celui-ci lui avait pris son unique possession, sa marmite de cuisine, car elle ne pouvait plus payer son loyer. Folle de rage, elle refusa de communier à la messe et tomba raide morte. Ouais, ça rigolait pas à l'époque.

Le jour de son enterrement, son cercueil s'allégeait au fur et à mesure que le convoi approchait du cimetière, et alors que les fossoyeurs creusaient sa tombe, tous l'entendirent leur murmurer qu'il n'était nul besoin de creuser profond car elle ne resterait pas allongée longtemps... Cette histoire a dû leur tenir quelques hivers ! Le corps de son logeur fut retrouvé mort, les os brisés quelques jours plus tard, et sa femme tomba malade et mourut rapidement. Les villageois prirent peur, certains la virent rôder, en moururent aussi, si bien que les vivants demandèrent à un sorcier de les débarrasser de ce fantôme malfaisant.

Le sorcier leur fournit une pelote de laine dont il devait donner une extrémité au fantôme. Là où la pelote se déroulerait, le spectre serait piégé. Elle se déroula dans un cratère bouillonnant et Gunna Quelquechose courut autour pour rattraper la pelote et finit par glisser et tomber dedans en poussant un hurlement à vous glacer le sang, paraît-il.

C'est ce cratère que nous visitons maintenant. On dit même que ceux qui ont la vision des morts peuvent encore la voir courir et déraper. Et que si l'on écoute bien les grondements de la vapeur, on peut entendre ses hurlements alors qu'elle est ébouillantée.

Le cratère ne crache pas mais vomit littéralement de la vapeur d'eau mêlée au soufre. On dirait une cheminée de locomotive, vraiment. Les gens qui passent dans son nuage en ressortent trempés. Moi comme les autres (évidemment, quand il y a une connerie à faire...).

 

 

 

Mais le temps passe et nous voilà repartis sur les routes de la péninsule, que nous arpentons dans tous les sens. Nous voyons l'heure passer et craignons de ne plus avoir le temps de visiter un musée sympa à Garður, au nord, qui présente la collection hétéroclite d'un fermier du coin qui conservait absolument tout et qui, au fil des ans, a fini par offrir un aperçu incroyable de la vie à son époque. Cela a l'air d'un grand capharnaüm. Mais il ferme à 17h et il est 16h... et il se trouve à une quarantaine de kilomètres. C'est mort. Nous n'aurons pas le temps de faire la visite.

Tant pis. Nous passons au même moment le long d'un champs de lave où sont assemblés d'improbables échafaudages de bois où sèchent des poissons de toutes tailles. Nous en avons croisés a de nombreuses reprises pendant ces deux semaines, et hésitions quant à leur utilisation. Maintenant, c'est clair. Les poissons (cabillauds principalement) sont attachés à des cordes de nylon, un peu à la manière des oignons tressés... mais sans les tresses.

 

 

Nous garons la voiture sur le champ sur-le-champ (ah ah) et partons en inspection. Il y a peut-être deux, trois cents poissons déjà bien secs, des têtes énormes, des mâchoires, des squelettes à moitié décharnés, tordus qui pendent et se balancent au rythme des rafales de vent. Et lorsqu'ils s'entrechoquent, ils émettent des sons creux de bambous, c'est étonnant et un peu sinistre en fait.

 

 

Nous restons sur ce site improvisé au moins une grosse demi-heure. En fait jusqu'à l'arrivée d'un camion, conduit par un papi islandais qui rentre à reculons directement dans la structure en rondins, qui fait exactement la largeur du véhicule.

Je m'approche du vieil homme qui me regarde, le visage fermé, méfiant. Je lui demande s'il parle anglais. Un peu, me répond-il. Je l'interroge sur le poisson qui pend. Celui-ci lui appartient, il est donc pêcheur, et il vend ce poisson. Il sèche depuis un mois et demi, et on en fait en général de la soupe, ou un autre plat dont je ne comprends pas le nom. Puis voyant que son visage ne se décrispe pas, nous le laissons tranquille et repartons.

Direction l'ultime étape de notre odyssée : le Blue Lagoon, un complexe géothermal à une cinquantaine de kilomètres de Reykjavik, probablement l'une des premières destinations touristiques du pays. Le prix de l'entrée standard est prohibitif : 50€ pour un accès au lagon, incluant sauna et hammam. Voilà. C'est un peu rude à avaler mais une fois qu'on s'y est préparé, il faut l'oublier et profiter du site.

 

 

La première question posée par l'employé de caisse est : "avez-vous une serviette?" Dans le cas d'une réponse négative, on vous bascule sur une formule supérieure, pour 15€ supplémentaire. Il faut dire que la serviette est tissée en laine de mouton islandais. Certainement. Je ne trouve aucune autre justification à l'augmentation du tarif. Pour une formule encore supérieure, vous aurez droit à des boissons (qu'il faut autrement acheter en scannant son bracelet) et peut-être un massage, alors que la formule premium vous offre carrément un espace de bain privatif avec serviette, boissons et massage, tout en même temps probablement. Le pure délice, en somme.

Mais nous sommes fauchés et avons nos propres serviettes, donc la version standard nous conviendra parfaitement. On commence par se perdre dans le dédale de couloirs à l'entrée desquels il faut se déchausser, comme partout dans ce pays. Puis il faut se déshabiller et aller se doucher tout nu. Les piscines et a fortiori les sources chaudes ne sont absolument pas traitées chimiquement, il faut donc une hygiène irréprochable.

Une fois douchés et tout propres, c'est enfin le Paradis, l'aboutissement ultime, le final nirvanesque de 15 jours de cavale islandaise : le saint plouf dans l'eau nacrée (certaines mauvaises langues diront "trouble") du lagon. Oscillant entre 30 et près de 40°C selon qu'on est loin ou proche de la source bouillonnant dans sa marmite minérale, l'eau est un délice. La température extérieure doit être aux alentours de 12, la surface disparaît par endroits sous une fine brume qui brille de mille éclats dans les rayons du soleil, alors qu'au loin un nuage de vapeur soufrée vient envelopper les baigneurs qui s'immergent près du mur de rochers.

 

 

Nous testons tout ce que notre bracelet bleu nous permet : le hammam, le sauna et la cascade. Aaah la cascade... Un massage sans masseur. Une chute d'eau de 3 mètres qui vous pétrit le crâne, la nuque, les épaules ou même le dos comme aucun kiné n'en serait capable. Des mains liquides qui vous enveloppent, vous palpent, vous pénètrent jusque dans les os et anéantissent toute tension musculaire en un instant.

Le bassin est vaste. Peut-être 5 ou 600 mètres carrés d'une eau d'un blanc laiteux. Evidemment, il y a toujours cette odeur de soufre, mais on l'oublie très vite. Nous restons là une heure, immobile dans l'eau, allongés contre les rochers en bordure de bassin, le corps entier immergé sauf le visage. Deux otaries se prélassant au soleil, tandis que d'autres visiteurs se déplacent dans l'eau avec leur verre de smoothie ou de boisson dorée et pétillante qui me fait penser à du champagne. D'autres encore achètent des bols de boue de silice dont ils se badigeonnent le visage...

 

 

Un bon moyen de conclure ce voyage tout de même. A 20.15, nous nous extrayons de l'eau car il nous faut repartir à l'aéroport de Keflavík pour rendre la voiture, notre petit 4x4 Suzuki Jimny qui a fidèlement assuré notre transport au cours de ces deux semaines intenses.

Après être partis dans la mauvaise direction (j'avais tapé "aéroport de Reykjavik" au lieu de Keflavik, qui est l'aéroport international), nous arrivons devant notre loueur Atak pile à l'heure, réservoir plein. La demoiselle fait la tête car cela fait trois heures qu'elle essaye de nous joindre sans succès sur mon portable (éteint) : le Jimny doit repartir de suite pour de nouvelles aventures. Elle l'envoie immédiatement au lavage et nous avons à peine le temps de le vider de nos 15 jours de cavalcade. Nous nous retrouvons sur le parking avec nos sacs, nos valises et toutes les poches de nourriture autour de nous. On se regarde, le cœur un peu gros de devoir partir comme ça, si vite. Un autre employé nous amène au terminal des départs (les loueurs sont tous en périphérie des terminaux) et le voyage se termine ainsi.

Je ne passe pas loin d'une heure à refaire mes valises pour tout faire rentrer dans les conditions nécessaires (soute, 20kg, cabine, 10kg), je vais peser et repeser les valises pour procéder à quelques transferts afin d'alléger la grosse, tandis qu'Olivier, fidèle à son habitude, rédige ses cartes postales.

Nous dînons vers 22.00 et embarquons aux alentours de minuit et demi pour un décollage prévu à 1h00 et une arrivée 3h plus tard (auxquelles il faudra rajouter 2h de décalage horaire). Nous serons à Paris vers 6h.

 

 

Il est 2.29 heure islandaise, je termine ce journal en espérant qu'il t'aura donné l'envie de découvrir à ton tour ce beau, ce magnifique pays, lecteur. Et maintenant, j'éteins ma veilleuse pour tenter de dormir un peu, alors qu'à 8000 pieds d'altitude, au-dessus de la couverture nuageuse, les premiers signes de l'aurore font déjà leur apparition au loin, rougissant l'horizon. Nous verrons les étoiles ce soir, pour la première fois depuis 15 jours. Inoubliables.

 

 

 

 

 

 

 

 Notre Avis sur 5 

 ... qui n'engage que nous!

 

Pont Miðlína : 🤩🤩🤩

✅  Le pont qui relie les plaques tectoniques nord-américaine et eurasienne. Curieux, sympa à voir pour l'annecdote. d'Europe en Amérique en... 2 minutes à pied!

❌  Pas grand-chose d'autre à voir que ce pont métallique.

 

Champ géothermique de Gunnuhver : 🤩🤩🤩🤩

✅  Impressionnant, curieux.

 

Blue Lagoon : 🤩🤩🤩

✅  Surprenant et original.

❌  1e attraction touristique du pays (ou presque) donc bondé, très cher.... un peu l'arnaque quand même. D'autres sites naturels sont à tester.

 

 

 

 

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Ways, c'est "chemins" en anglais. Et days, jours, bien sûr.

A travers ce blog, je partage ma double passion : la photographie et les voyages. Rien de bien extraordinaire, évidemment, mais ce ne sont pas de simples voyages "géographiques" qui me font parcourir des chemins aux quatre coins du monde, même si l'attrait est évident. Je fais également de la photo d'UrbEx, c'est à dire d'exploration urbaine, qui m'entraîne à découvrir des lieux abandonnés : capter le souvenir de cette vie passée, de cette agitation qui n'est plus, capturer les traces du temps, de ces jours, de ces années, envolés, le délabrement progressif des murs, des meubles, des objets oubliés, ces atmosphères pétrifiées, imaginer des vies souvent d'une autre époque, penser à ces âmes qui ont un jour parcouru ces lieux constitue pour moi autant de voyages temporels.

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