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Une nuit de bébé, que j'ai passée. J'ai réussi la prouesse de terminer mon compte rendu de la journée avant minuit, donc j'ai gagné une bonne heure de sommeil. Et comme en plus nous avions de vrais stores occultants cette fois, la nuit fut paisible. Après un petit dej bien rempli à la guesthouse, en mode cartes postales, nous partons aujourd'hui pour nous attaquer au nord-est du lac et sa zone volcanique à proprement parler. Nous n'allons pas être déçus. Aujourd'hui, c'est du lourd. Du très lourd.

En route, régulièrement, nous nous arrêtons pour prendre des photos. Rien de nouveau. Ce matin, c'est le grand n'importe quoi. Nous devons nous arrêter deux ou trois fois sur 500m. A ce rythme, tu comprends, lecteur, pourquoi nous sommes toujours en retard sur notre programme. Nous ne pouvons juste pas laisser passer un cliché. Le grand festival de Pentax et Nikon à la recherche de la photo parfaite.

Sur la route vers le site que nous devons visiter, un champ de lave à perte de vue avec des fumerolles qui s'élèvent mollement dans les airs. Un regard l'un à l'autre, un coup de frein, warnings allumés et on prend les sacs. Nous resterons une heure sur ce spot. Un paysage de désolation où les roches noires et rouges recouvrent tout, ne laissant vivre que quelques touffes éparses d'une herbe vert vif et de quelques fleurs minuscules.

 

 

La voiture est restée ouverte, tant pis. De toute façon, il n'y a pas de voleur en Islande, c'est un fait reconnu ! Nous nous enfonçons dans ce paysage sinistre en contournant les zones de fumerolles d'où émane une odeur de soufre assez forte. A certains endroits, le sol est mou, étrangement. Il a l'apparence de la roche, mais la texture fait plutôt penser à du caoutchouc, ou quelque chose d'organique : les évents par lesquels la vapeur s'échappe ressemblent vraiment à des orifices vivants, des sphincters qui resteraient ouverts en permanence. Le pourtour est souvent un bourrelet humide, brillant, on s'attend à le voir pulser doucement. C'est fascinant.

 

     

 

Je me suis posé la question de savoir s'il était dangereux de marcher ici, sachant que sous nos pieds, la terre est toujours en mouvement. D'ailleurs, chose hallucinante, le sol est chaud. Je pose régulièrement la main par terre et la température avoisine les 25 degrés ! Mais bon. Aucune pancarte ne prévient d'aucun danger.

 

HVERIR

 

Une heure plus tard, tout soufrés et heureux de nos photos, nous reprenons la voiture et la route 1 pour nous rendre à Hverir, de l'autre côté du col. Nous passons devant le site d'une ancienne usine de diatomite (roche formée de fossiles) dont le seul vestige est un lac aux eaux turquoise et toxiques dans lequel on ne se baigne pas car les sources sont sous-marines et peuvent atteindre 100°C ! Photos.

 

 

Hverir est un autre monde. Une sorte d'immense carrière lunaire aux teintes ocre, dont la superficie est délimitée en chemins de cordages pour éviter que les touristes ne s'approchent trop près des marmites de boue grise bouillonnante ou des assourdissantes colonnes de vapeur chaude. On ne doit évidemment pas marcher sur les dépôts de minéraux ou les zones instables. Le spectacle est vraiment magnifique. On croirait une représentation des Enfers, me dis-je. Mais je n'ai pas encore vu la suite... L'odeur de soufre est parfois dérangeante, en fonction de la direction du vent, mais les rayons de soleil qui finissent par apparaître nous font vite oublier la puanteur des bouillons alentours. Cette odeur d'œuf pourri nous suit partout, ici. Olivier a même l'impression que nos vêtements y sentent. Mais nous n'en avons pas fini avec le soufre.

 

     

 

Nous rejoignons la voiture au parking (chaque site a son parking neuf) puis nous prenons la direction du site suivant, Krafla, que nos deux guides décrivent comme incontournable.

Nous passons la centrale géo-thermique de Krafla qui a investi toute la vallée avec ses bâtiments et ses pipelines courant le long du relief, puis roulons encore 2 ou 3 km jusqu'au volcan Viti, un des sites majeurs de Krafla.

 

 

Le cratère brun du Viti est un petit cachotier : lorsqu'on arrive sur son arrête près du parking, il nous dévoile d'un coup son lac bleu, bordé de neige sur un côté. Nous montons en intensité de surprise, mais où nous arrêterons-nous..? Nous en faisons le tour en une grosse demi-heure. Le lac en son centre est magnifique. Encore une fois, la couleur est unique. Depuis le début, les couleurs de ce pays sont inouïes. Quel que soit le temps, le bleu de l'eau d'un fjord tranchera du rouge des minuscules maisons qui le bordent, entourées d'une herbe d'un vert presque fluorescent. On se croirait perpétuellement dans un fond d'écran pour ordinateur.

 

 

Viti a participé au cycle d'éruptions qui ont dévasté la région en 1724 mais il n'est que l'une des nombreuses cheminées volcaniques qui longent le volcan central du Krafla. Il est considéré comme inactif de nos jours. Je ne sais pas si les photos qui accompagnent ce récit témoignent bien de la beauté et de la majesté de ces montagnes. Je l'espère.

 

 

Nous abordons le dernier site de la région, l'apothéose du photographe, ou du géologue, au choix : le Krafla. En fait, maintenant, Krafla désigne toute la zone, alors qu'il désignait auparavant juste le volcan. Nous nous garons de nouveau sur un autre parking pour aller découvrir son cratère, le Leirhnhúkur.

Le temps de parcourir le gros kilomètre qui nous en sépare, le paysage change cent fois de physionomie. Nous passons de la prairie verte à un champs de lave désolé sur la droite du sentier alors que le volcan grimpe du côté gauche, quelques longues fissures ocre laissant échapper des fumerolles toxiques. Puis, au détour d'un virage, nous nous retrouvons carrément sur une autre planète. Ou en enfer.

 

 

La plaine est noire, déchiquetée. Des formations rocheuses comme atrophiées, convulsées s'élèvent dans toutes les directions, à perte de vue. Le relief est encore plus marqué par les fumerolles de vapeur qui s'échappent d'un peu partout. Le sol est fait de lave bien sûr, mais dès que l'on s'écarte du sentier balisé, les rochers prennent par endroits l'apparence de la dentelle : des entrelacs de roche grêlée de petits trous (dus à la présence de bulles d'air dans la lave en fusion au moment de l'éruption) forment des arches de toutes tailles, des promontoires ou de petites falaises. C'est indescriptible. Un paysage apocalyptique s'étend sous nos yeux jusqu'à l'horizon. Le royaume d'Hadès sur terre. Vraiment.

 

 

 

 

Puis la pluie recommence à tomber, alors même que le soleil brille. Et un arc-en-ciel apparaît au-dessus de toute cette désolation. Le chaud et le froid. Le sinistre et le divin. La pluie rend les photos difficiles, d'autant plus qu'une vapeur diffuse s'élève maintenant de partout autour, à cause de la chaleur du sol. Encore et toujours, nous en prenons plein les yeux.

 

 

DETTIFOSS

 

Notre périple au lac Myvatn prend fin. Nos reprenons la voiture pour poursuivre notre route vers le dernier site de la journée : la cascade Dettifoss, que tu connais certainement, lecteur, si tu as vu le film Prometheus de Ridley Scott. On la voit dans la scène d'ouverture. Il s'agit de la plus puissante chute d'eau d'Europe.

Non.

Ce n'est pas une chute d'eau. C'est une chute de rivière.

 

 

44m de hauteur pour 100m de large. Nous y parvenons après 80 km de route. Il est 17.30 et sur les dernières 25 km, nous nous arrêtons plusieurs fois pour prendre en photo le paysage martien, puis un monumental arc-en-ciel qui vient de se former. Depuis le parking, il faut encore marcher un peu plus de 2 km dans un dédale de roches et d'amas rocheux cubiques, c'est assez surprenant. Nous nous trouvons maintenant dans un tableau de Picasso, en plein cubisme. A perte de vue, encore.

 

Comme sur Mars (fausse couleur, vrai décor)

 

 

On descend de la voiture, chacun se prépare. Appareil photo? Check. Trépied? Check. On met le blouson, le bonnet... Le bonnet...? Put.... de bonnet de m... Je l'ai encore perdu. On le cherche partout mais il reste introuvable. La mort dans l'âme, je tire un trait dessus, vert de rage de l'avoir perdu une seconde fois en deux jours.

Le sentier s'étire en lacets entre ces formations cubiques bizarres jusqu'au bord du canyon et nous l'entendons avant même de la voir. Dans un fracas assourdissant, la chute d'eau projette un nuage permanent d'embruns visible à un kilomètre à la ronde. Pas étonnant, avec un débit record de 193 mètres cubes d'eau à la seconde !

Nous sommes au niveau du haut de la chute, pas à ses pieds, et sur la rive ouest, ce qui veut dire que nous avons le soleil dans le dos. Avec les embruns, un magnifique arc-en-ciel couronne la scène. Il n'y a rien à rajouter, sinon peut-être moins d'eau lorsqu'on se rapproche au maximum du bord de la falaise : j'ai tenté d'y descendre pour prendre quelques photos mais impossible de sortir l'appareil sans le perdre sous un déluge d'eau. Ce ne sont plus des embruns, c'est carrément de la pluie qui tombe. Heureusement, la GoPro étanche pend à mon poignet...

Nous quittons le site une petite heure plus tard, encore tout émerveillés de tant de puissance et de majesté. Elle est fantastique.

Il est temps maintenant de retrouver mon bonnet, qui a dû tomber lors de l'un de nos nombreux arrêts le long des derniers 25 km.

Sans grande conviction, nous roulons à 70 sur la route fraîchement goudronnée quand soudain je l'aperçois du côté opposé de la route où je devais l'avoir perdu. Je ne cherche pas à comprendre, encore une fois, je le récupère, me l'enfonce sur la tête et remonte en voiture en grommelant.

 

2h plus tard, nous arrivons à notre guesthouse, perdue au fin fond de la campagne du Nord. Pendant une grosse moitié du trajet, pas âme qui vive. Pas une ville ni même une maison isolée dans la lande. Rien.

Notre guesthouse est sur un coteau, flambant neuve. Une nouvelle terrasse en bois nous accueille avec une fontaine en son milieu, décorée de nains de jardin minuscules. Ça donne le ton. Nous sommes en train de nous demander où se trouve la porte d'entrée que j'entends dans mon dos un "bonjour!". Notre hôte est là, dans une annexe, apparaissant tout emmitouflé dans son manteau à l'ouverture d'une fenêtre sans fenêtre. A croire qu'il nous attendait.

On se présente, on paye, on rentre sans oublier d'enlever nos chaussures à l'entrée comme partout en Islande puis on nous montre notre chambre.

Puis pour réparer le couac de la veille, c'est resto ce soir, à Egilsstaðir, la ville la plus proche (25 km)... Le goût de l'agneau islandais me fait déjà saliver d'avance. Mais à 21.30, nous arrivons trop tard, le poste grill de la cuisine est fermé, nous ne pouvons plus manger que des pizzas. Je mangerai finalement une pizza arabe, avec de l'agneau macéré au ras-el-anouth et des amandes, alors qu'Olive se finira sur une calzone.

On s'en fiche presque. On a vu du grandiose aujourd'hui.

 

 

 

 

 

 

 

 Notre Avis sur 5 

 ... qui n'engage que nous!

 

Champ géothermique de Hverir : 🤩🤩🤩🤩🤩

✅  Lunaire, incontournable.

 

Zone volcanique de Krafla : 🤩🤩🤩🤩🤩

✅  Un autre monde, une autre planète, une virée en enfer (mais un enfer graphique, extrêmement photogénique et indolore!). Inoubliable.

❌  Prévoir un masque, ou au pire une écharpe pour se protéger des fumerolles toxiques.

 

Cascade Dettifoss : 🤩🤩🤩🤩🤩

✅  Grandiose. Incontournable également.

 

 

 

 

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Pourquoi "Ways and Days"?

Ways, c'est "chemins" en anglais. Et days, jours, bien sûr.

A travers ce blog, je partage ma double passion : la photographie et les voyages. Rien de bien extraordinaire, évidemment, mais ce ne sont pas de simples voyages "géographiques" qui me font parcourir des chemins aux quatre coins du monde, même si l'attrait est évident. Je fais également de la photo d'UrbEx, c'est à dire d'exploration urbaine, qui m'entraîne à découvrir des lieux abandonnés : capter le souvenir de cette vie passée, de cette agitation qui n'est plus, capturer les traces du temps, de ces jours, de ces années, envolés, le délabrement progressif des murs, des meubles, des objets oubliés, ces atmosphères pétrifiées, imaginer des vies souvent d'une autre époque, penser à ces âmes qui ont un jour parcouru ces lieux constitue pour moi autant de voyages temporels.

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