Un petit déjeuner alléchant nous attend au réveil dans notre hôtel 3 étoiles (portugaises). Le jus d'orange est à se faire avec de vraies oranges dans deux presse-agrumes électriques qui tournent à plein régime. Je n'ai pas regardé comment s'en servir avant de m'approcher à la table des festivités donc je m'y prends comme un manche quand vient mon tour, je démonte tout l'appareil pour à la fois le nettoyer des amas de pulpe des oranges précédentes et réussir à verser mon jus dans mon verre lorsque l'employé, interloqué, arrive en trottinant en me montrant comment tout verser en un seul mouvement. Je précise que l'appareil ne ressemble pas vraiment à ceux que l'on connaît chez nous. (J'accepte volontiers de passer pour un empoté, pas pour un abruti.)
Nous terminons notre visite éclair de Coimbra par la Sé Velha, la Vieille Cathédrale, et ses azulejos, ces carreaux de céramique peints de motifs bleus, que l'on voit partout ici mais qui sont toujours du meilleur effet (dans ce genre d'endroit, pas chez moi). Nous arrivons à temps, car à la fin de notre visite, c'est un car de retraités français qui débarquent. Nous quittons notre place de parking à deux ruelles de là (empruntée une grosse demi-heure aux membres du diocèse pour lesquels elle était manifestement réservée) et manoeuvrons délicatement notre Fiesta pour l'extirper sans rayure de cet étroit goulet de pierres. Comme si on ne transpirait pas déjà assez.
La visite se poursuit par une seconde et dernière église, la Santa Cruz Igreja avec son cloître que nous ne trouverons jamais. Ça tombe plutôt bien, je commence à avoir ma dose de religieuseries pour la matinée, surtout qu'on a du lourd pour l'après-midi.
LES RUINES
Notre itinéraire nous amène ensuite vers Conimbriga où se trouvent les Ruínas e Museu Monográfico (les ruines d'une cité romaine et leur musée). Ça peut toujours être sympa à voir. Nous avons déjeuné tard, il n'est "que" 12h40, ça tiendra dans le planning.
Arrivés sur place vers 13h30, le soleil se rappelle à nous d'une manière plutôt accablante et je me sens défaillir à grande vitesse si je reste trop longtemps sous ses rayons. On doit tourner aux alentours des 40°C. Un rapide tour à côté du guichet, sur des ordinateurs à disposition, nous permet de jeter un oeil aux fameuses ruines et nous donne soudain froid dans le dos (ce qui n'est pas forcément désagréable) lorsqu'on découvre ce que l'on voulait voir.
Nous sommes de retour dans la voiture la minute suivante. Trois pauvres pierrasses entassées en lignes perpendiculaires et protégées par un toit métallique ne consitutent pas pour nous le must de notre traversée du Portugal. Pas une colonne, à peine une allusion de mosaïque, non, décidément, ce site n'est pas pour nous. Ce sera Pompéi un jour ou rien. Pour l'instant, ce sera rien, avec plaisir.
TOMAR
En route vers l'est pour Tomar, où nous passerons la nuit. Ici, c'est un site quasiment incontournable : le Convento de Cristo fut le siège portugais des Templiers, ces moines guerriers qui jouirent d'un immense pouvoir au Portugal du XIIe au XVIe siècle, finançant largement les grandes découvertes. En France, ils devinrent si riches et puissants que le roi Philippe le Bel, un lourd débiteur de l'Ordre, décida de faire dissoudre l'ordre afin d''effacer son ardoise et s'approprier leurs possessions. En 1314, les grands maîtres furent arrêtés, torturés pour avouer les pires crimes et emprisonnés ou brûlés vifs.
Ce Convento fut fondé en 1160, autant dire, pas la période la plus aérienne et légère en terme d'architecture. Entouré de ramparts, il comprend des chapelles, des cloîtres et autres salles capitulaires ajoutées au fil des ans par des rois et des grands maîtres.
Bon évidemment, il faut aimer ce genre de visite. Moi qui ne suis qu'un petit fan, surtout après deux visites d'églises ce matin, j'en ai quand même pour mon argent, et ce dès notre arrivée, malgré la fournaise ambiante : Le temple est massif, droit, aux contreforts imposants, un vrai décor de cinéma. Je pense à ça car nous avons lu qu'une troupe de théâtre locale organisait des représentations notamment du Nom de la Rose d'Umberto Eco (voir le film avec Sean Connery et Christian Slater) in situ, dans les salles du Temple, en soirée, pour des spectacles qui duraient 5h, avec repas inclus au réfectoire ! Rien que l'idée d'être replongés dans cette période, cette atmosphère, nous met en transe.
Malheureusement, après enquête auprès de la dame à l'accueil, cela ne se fait plus. Nous avons failli chambouler tout notre planning pour pouvoir en faire partie. Dommage.
Retour au Temple : le Nom de la Rose. C'est vraiment ça. Impressionnante maçonnerie de l'époque, qui mêle le lourd et le massif aux arabesques et fioritures de pierre. La visite nous prend deux heures, on s'y perd tellement le lieu est grand et labyrinthique.
Le clou de la visite, en plus du réfectoire et du dortoir avec ses interminables alignements de cellules monacales, c'est la chapelle principale, où l'on ne peut entrer que bouche bée... et l'ouvrir encore plus à chaque pas supplémentaire. Son coeur est une rotonde, une pièce "circulaire" à 16 pans qui serait en fait une copie de l'Eglise du Saint-Sépulchre à Jérusalem. Rien que ça. L'intérieur atteint une hauteur surréaliste, mêlant les ornements de pierre et de bois peints. La forme circulaire aurait permis aux chevaliers d'assister à la messe à cheval. Et au centre de cette rotonde, le maître-autel gothique : pas un autel "normal" comme dans une église, non. On est dans une chapelle de Templiers, Messieurs-dames ! Ici, c'est une zone circulaire centrale délimitée de 8 hautes colonnes soutenant un toit richement décoré. Une chapelle dans la chapelle, en somme.
Il est impossible de rester insensible à cet endroit. Le silence relatif nous enveloppe un peu de cette aura de splendeur et de mystère qui a marqué l'époque de ces chevaliers du Temple.
Je joue à cache-cache pendant un long moment avec Olivier qui fait sa visite à son rythme. Nous nous rencontrons de temps en temps dans un cloître, puis je le vois 10 minutes plus tard tout en haut sur les remparts alors que je me dirige vers les cuisines...
Vers 18h, départ pour l'hôtel. Placé vers un dépôt de bus, la zone n'est pas folichonne mais l'hôtel est très correct : des places de parking "en veux-tu en voilà" et une clim que nous lançons dès que nous pénétrons dans la chambre.
Nous mangeons le soir au cente ville, dans un petit resto sympathique. Nos salades sont un peu "light" mais c'est tout aussi bien après les spaghetti à la vanille de hier soir, même si à midi nous avons mangé sur le pouce notre melon espagnol /jambon sur un banc public. Nous reprendrons des forces demain matin, car demain est un grand jour. Nous rencontrons quelqu'un de très, très connu : Marie. Nous allons tenter de la voir à Fátima.
Notre Avis sur 5
... qui n'engage que nous!
Conimbriga, Ruínas e Museu Monográfico : 🤩
❌ Perte de temps... rien à voir de vraiment titillant, à moins qu'on aime les ruines de ruines...
Tomar, Convento de Cristo : 🤩🤩🤩🤩🤩
✅ Impressionnant complexe religieux. Magnifique.