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Aujourd'hui, c'est le grand jour : nous partons pour Lisbonne. Notre plan original a été quelque peu chamboulé quand on a découvert qu'une grande fête médiévale se tenait à Óbidos à partir de vendredi soir : inratable, donc nous ferons Lisbonne de suite pendant deux jours et reviendrons un peu sur nos pas vendredi après-midi pour participer à cette mystérieuse soirée médiévale.

Nous mettons directement le cap sur Sintra, un petit village à une quinzaine de kilomètres à l'ouest de Lisbonne où se trouvent de magnifiques palais nationaux, perdus sur leurs hautes collines boisées. Chemin faisant, nous perdons encore quelques degrés, alors que nous nous retrouvons de plus en plus la tête dans les nuages, ou plus précisément dans des bourrasques de brume. Si, ça existe, vous dis-je. Nous y étions il y a encore quelques heures : c'est comme une rafale de vent dans un nuage et quand elle est passée on se rend compte qu'on est tout humide.

C'est donc avec un mine un peu de travers que nous tentons d'arriver à Sintra : 17 °C, pas un rayon de soleil, on ne voit même pas le ciel bleu mais un plafond insondable de blanc laiteux. Et nous "tentons" d'y arriver car à un peu plus d'un kilomètre du patelin, on se retrouve dans une file immobile de voitures et de cars de tourisme. L'horreur. Nous nous déconfisons davantage encore.
Nous avions déjà peur d'avoir vu le plus beau à Porto, et tout concourt à nous prouver que nous avions raison. Les touristes sont garés partout, n'importe où, sur les bas-côtés de cette petite route, au-dessus de rigoles qui ressemblent plus à des fossés vu leur profondeur et les cars ont souvent du mal à tourner dans les lacets tellement la chausse est encombrée.
Nous arrivons à l'entrée d'une localité et avec une chance inouie (qui me caractérise étrangement depuis le début du voyage), nous trouvons sur le côté une place pour nous garer. Sans savoir si nous devrons marcher longtemps ou pas, si même nous nous trouvons bien à Sintra, nous nous arrêtons là. On avisera par la suite. La longue file de voitures que nous quittons avance au pas et j'ai bien le temps de voir la tête renfrognée des autres conducteurs jaloux. C'est vrai que depuis notre arrivée au Portugal, j'ai toujours trouvé une place de parking assez près des lieux que nous voulions visiter, quelque soit l'état du trafic. (Cela se vérifiera ce soir encore, dans Lisbonne : au moment où j'écris, la Ford Fiesta est garée juste sous notre fenêtre.)
Nous repérons le panneau nous indiquant la direction du Palacio Nacional et comme par magie, le vent déjà en forme à cette altitude souffle une bonne bourrasque qui éclaircit un peu les environs et dévoile le Palais que nous recherchions. Parfait.

 

 

LE PALAIS NATIONAL

 

On va faire court : très cher (10€/pers) et très décevant pour ce qu'il y a à voir. Mises à part les cuisines et leurs cheminées titanesques qui forment deux cônes à la Jean-Paul Gaultier à une extrémité du bâtiment, les autres salles sont des salles luxueuses mais qui n'ont rien d'exceptionnel, pas même leur nom. Ils ont singulièrement manqué d'originalité : on va décorer le plafond de cette salle avec des cygnes et hop ! Voici la Salle des Cygnes ! Tiens, et ici on va mettre des sirènes. C'est bien, les sirènes. Et voilà la Salle des Sirènes. La salle la plus étonnante reste la Salle des Blasons... décorée de blasons au plafond... mais de dimensions surprenantes. Bref, pas de quoi fouetter un chat, même un sans poil, et Dieu sait qu'ils sont moches, mais je m'égare. Rien à voir avec l'enchantement suscité par le Monastère des Templiers de Tomar, par exemple.

 

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Ah si, quand même : une élégante peinture de Jésus (?) en nuisette (?). Un grand moment.

 

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Petite pause déjeuner dans une ruelle étroite et biscornue du centre de Sintra, où l'on se fait presser comme deux oranges tellement tout est cher par rapport à ce que nous avons connu jusqu'à présent. Mais bon, c'est de bonne guerre, ils font certainement leur chiffre d'affaire de l'année sur nos 4 tartines de pain à 1,30€ ou notre apéro de Porto à 5,50€ le verre. (Oui, je n'ai jamais autant bu de Porto.) Ma morue à la crème est néanmoins à tomber par terre, et il en est de même pour le poisson au riz d'Olivier.

 

 

A CHAQUE JOUR SA PENA

 

L'après midi, nous poursuivons notre chemin en voiture le long de cette route de montagne qui sicote tout son soûl (ça tourne grave, quoi) jusqu'au palais suivant, entouré de son parc : le Palacio da Pena, qui fut un palais royal jusqu'en 1910. Il fut commandité par le mari artiste de la Reine du Portugal Marie II en 1840 à un architecte qui n'en était pas vraiment un et qui conçut un véritable Palais-Fantaisie, érigé sur une colline au milieu de bois touffus : dômes en forme de bulbe, serpents de pierre, portes de style mauresque et tours crénelées, le tout dans des tons citron et rose. Ce palais est apparemment le premier palais national en terme de fréquentation... et trouverait aisément sa place dans un parc Disneyland.

 

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L'extérieur est remarquable, dans tous les sens du terme, surtout lorsqu'il émerge de la brume, prenant des allures de vaisseau fantôme (un vaisseau fantôme gai, plein de couleurs, enfin, vous voyez, quoi). Un château qui aurait pu être dessiné par Hayao Miyazaki, d'où on pourrait s'attendre à voir sortir un Totoro ou une procession de chats encadrant leur empereur (non je ne suis moi-même pas sous l'effet de quelque substance chimique mais je fais référence à des films d'animation japonais aux univers très hallucinés et poétiques).
J'avoue à Olivier, dans un moment de faiblesse, que j'ai bien peur que ce soit encore une sorte d'arnaque... qu'il suffirait peut-être de ne se contenter que de l'extérieur pour ne pas être déçu de nouveau. Mais cet extérieur est si surréaliste qu'on ne peut que succomber à l'envie d'y pénétrer. Ce que nous faisons, pour 14 € chacun, via un passage par le parc du même nom, aménagé lui aussi en une espèce de rêve fantasmagorique où les araignées tisseraient des toiles gigantesques aux allures de napperons de dentelle et où les maisons à canards prendraient la forme de petites tours médiévales crénelées, isolées au milieu des étangs... Un monde à part, vous dis-je.

 

 

Portugal16 0453A l'intérieur, c'est également Disneyland. Non pas dans les bâtiments mais dans les comportements. Les gens sont fous, extatiques devant ce monstrueux triton grimaçant qui surplombe une voûte extérieure. Les gosses courent partout, suivis des parents. Chacun veut monter dans les petites tourelles de garde (qui n'ont jamais vraiment servi à garder quoi que ce soit) et se faire prendre en photo, ou sur le chemin de ronde. Les couleurs font mal aux yeux, comme le mélange des styles, au mieux, surprenant, au pire, de très mauvais goût. Et j'atteins le fond du fond lorsque devant moi j'entends un couple de jeunes Français aux portes du beaufisme trash (mais on est toujours le beauf de quelqu'un) s'exclamer : (elle : ) "J'ai jamais rien vu d'aussi beau. Je regrette pas les 14 balles !" (lui : ) "Ouais, c'est grand style." Les bras m'en tombent.

Les salles sont assez banales. Des salles d'habitation : un salon, une cuisine, des cabinets privés, des chambres, des salles de bain. Rien d'extraordinaire si ce n'est pour s'imaginer la famille royale portugaise évoluer entre ces murs au début du XXe siècle. Et le nombre de migraines dont ils ont dû souffrir à chaque fois que leur regard croisait un des murs extérieurs. Décidément, pas notre journée. Nous terminons la visite, redescendons la colline dare-dare et prenons la direction de notre logeur pour les deux soirs à venir, au centre de Lisbonne.

 

 

MORPHEUS GUESTHOUSE

 

L'adresse est calée dans le GPS mais à l'arrivée, il faut faire quelques tours de rues pour se décider à s'arrêter au bon numéro tellement l'endroit ne ressemble pas à une guesthouse. Finalement, la voiture garée comme on peut, je trouve la bonne sonnette (seule indication du lieu), la porte s'ouvre et me voici dans un immeuble lisboète à 4 étages... sans aucune autre précision. Je finis par découvrir que cela se passe au 1er, presque par hasard.
La chambre est spacieuse, la cuisine fonctionnelle, le logeur sympa et serviable. Mais pas de place de parking comme annoncé par l'annonce : l'hôtel voisin qui cédait des places dans son parking privé moyennant finance ne le fait plus à la haute saison. La voiture va donc passer la nuit dans la rue et c'est ainsi que je réussis à trouver une place juste sous notre balcon. Et lorsqu'on connaît les problèmes de parking à Lisbonne, c'est une petite prouesse. Cela ne règle en rien le souci pour demain et après : il nous faut trouver une place à la journée (en ville, c'est limité à 4h).
Nous allons faire nos courses à la supérette du coin et nous faisons une sympathique salade de poulet pour nous changer les idées. Notre jeune logeur qui semble s'appeler "Marcel" ou quelque chose d'approchant nous indique un autre parking pour demain. Nous verrons ça.
Pour l'heure, un fou-rire dépressif nous a pris : ce soir, dans l'avenue, tout va bien puisque c'est goudronnage ! Il est minuit et le camion passe et repasse, suivi des rouleaux compresseurs, encadré par la police qui cherche à faire déplacer un véhicule qui gène, tout ceci dans une odeur fort délectable de bitume chaud et sous le regard non moins chaud de 2 prostituées travesties qui vont et viennent sous notre balcon et même - Oh my God - s'appuient à notre voiture ! On n'a pas pris la garantie rayure !!
Nous nous sommes jurés de ne plus jamais au grand jamais partir sans organiser davantage les logements. On a voulu essayer, voilà, c'est fait.

 

 

prostituee

 

 

 

 

 

 

 

 Notre Avis sur 5 

 ... qui n'engage que nous!

 

Sintra, Palácio Nacional : 🤩🤩

✅   Cher, et très vite oubliable. 

 

Sintra, Palácio Nacional da Pena : 🤩

✅  Semble incontournable, mais ça c'est dans les guides.

Une horreur architecturale, un Disneyland migraineux.

 

  

 

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Pourquoi "Ways and Days"?

Ways, c'est "chemins" en anglais. Et days, jours, bien sûr.

A travers ce blog, je partage ma double passion : la photographie et les voyages. Rien de bien extraordinaire, évidemment, mais ce ne sont pas de simples voyages "géographiques" qui me font parcourir des chemins aux quatre coins du monde, même si l'attrait est évident. Je fais également de la photo d'UrbEx, c'est à dire d'exploration urbaine, qui m'entraîne à découvrir des lieux abandonnés : capter le souvenir de cette vie passée, de cette agitation qui n'est plus, capturer les traces du temps, de ces jours, de ces années, envolés, le délabrement progressif des murs, des meubles, des objets oubliés, ces atmosphères pétrifiées, imaginer des vies souvent d'une autre époque, penser à ces âmes qui ont un jour parcouru ces lieux constitue pour moi autant de voyages temporels.

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