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La visite d'Evora est une grosse déception, ce matin. Nous décidons d'aller voir l'église la plus réputée, vantée dans nos deux guides, la Saõ Francisco et sa Capela dos Ossos, un ossuaire. L'église en elle-même est jolie, mais n'a absolument rien à voir avec ses grandes soeurs que nous avons visitées plus tôt pendant notre voyage. Nous sommes pour ainsi dire un peu blasés en fait. 

 

 

Le cloître est en partie muré derrière ses arcades. Et ne parlons même pas de la visite - payante - de l'ossuaire, qui s'adjoint de la "pré-visite" d'une exposition qui se tient dans les étages de l'église. Tout l'espace a été modernisé de sorte que nous navigons dans d'étroits couloirs peints en blanc pour voir des crèches de Noël de toutes formes et couleurs, souvent moches, parfois originales, et toutes "artistiques". C'est du foutage de gueule, et je suis poli. La dame a l'accueil nous a bien indiqué qu'il fallait commencer par l'expo et ensuite seulement enchaîner avec l'ossuaire. Tu m'étonnes. Si on avait su, on aurait zappé l'expo. Voire peut-être l'ossuaire.
Toujours impressionnant, néanmoins, de voir une salle dont les murs sont recouverts de crânes et d'os. Mais la salle n'est pas si grande et un car d'Asiatiques vient juste de les larguer... et ils ne sont même pas passés par la case Expo !! Nous y restons quelques instants, prenons quelques clichés, une pensée pour ces morts si impudiques maintenant qu'ils nous montrent leurs os et nous les laissons en proie à la vague asiatique.

 

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Nous parcourons les ruelles pour traverser la Praça do Giraldo, place célèbre pour avoir été le théâtre de moments forts de l'histoire portugaise, en particulier les bûchers de l'Inquisition au XVIe siècle. De nos jours, elle ne sert plus qu'à s'asseoir à une terrasse et siroter une boisson fraîche. On vit une époque formidable, tout de même.

Nous enchaînons avec la cathédrale, du même acabit malheureusement. Ce que je pressentais dès la visite de Porto s'est avéré correct : nous avons vu le plus beau au début. En fait, maintenant que nous avons quasiment terminé notre périple, nous sommes d'accord : ce voyage aurait dû être fait à l'envers. Le même parcours, mais dans l'autre sens. On serait monté crescendo jusqu'à l'apothéose de Porto. A noter pour la prochaine fois.

 

 

ARGAN

 

Nous déjeunons rapidement dans un petit resto du centre, la sangria blanche est un pur délice sous cette chaleur, tellement bien qu'elle nous tourne un peu la tête (et pour ceux qui nous connaissent, vous savez de qui je parle surtout...).
Olivier a quelque chose à fêter en plus : sa non-gâle. Je m'explique : depuis Lisbonne, il a souffert d'une éruption un peu anarchique de petits boutons rouges sur les jambes et sur les bras. Rien de bien répandu non plus, mais assez visibles pour être inquiétants. Il a de suite conclu que c'était la gâle, cela ne pouvait être que ça, il la connaît, avec ses élèves qui la chopent chaque année. Puis il se rend compte qu'il devrait avoir des symptômes qu'il ne détecte pas. Ne serait-ce pas la gâle ? Quo d'autre, donc ? Je lui répète qu'il a peut-être été piqué par une bestiole pendant la nuit, ou qu'il a une réaction allergique à quelque chose mais il me tient tête : une allergie le couvrirait de boutons, non, non, non ce n'est pas une allergie, ce sera la gâle ou ce ne sera rien ! Nous sommes samedi dernier.
On décide donc que le lundi, il ira consulter un toubib sur place. C'est que ça démange beaucoup et il se retient de se gratter pour ne rien faire empirer. Puis depuis un jour, voila-t'y pas que ces maudits boutons commencent à se résorber puis à disparaître, tout seuls comme des grands ! "T'avais peut-être raison, c'était sans doute une allergie aux coquillages, au resto de Sintra." Sa faculté de résilience m'étonnera toujours.
Du coup à la rentrée, je démissionne et m'inscris en médecine.

 

 

ESTREMOZ

 

Nous faisons une entorse à notre programme et décidons de nous arrêter de manière impromptue à Estremoz, une "jolie cité médiévale" telle qu'elle est décrite dans les guides. Une particularité : c'est une cité de marbre. Une énorme carrière en activité se trouve en périphérie, près du cimetière. Elle fournit le marbre que l'on voit partout ici : les trottoirs sont en marbres, les bâtiments sont en marbre, tout est en marbre, vous dis-je.
Il faut aller voir ça. Nous y allons. Alors : oui, c'est vrai, les trottoirs sont en marbre. Mais pas des dalles de marbre comme on le croyait. Non : ici, ce sont des morceaux de marbres plongés dans le béton, ça doit coûter moins cher. Par contre, c'est vrai, dans la vieille ville, tout est en marbre et c'est vrai aussi que c'est très joli, en particulier la grande tour sur la grande place avec la statue d'une des reines les plus célèbres du Portugal : Isabel, au faciès étonnament plat. Le marbre doit être difficile à sculpter, à moins que l'on soit témoin de l'expression artistique d'un sculpteur à l'apogée de sa période "bloc soviétique". Bref.

 

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Toujours déçus, nous décidons de mettre les voiles pour rejoindre notre chambre pour ce soir, dans le village de Marvão. Puis Olive relit son guide et me dit qu'on doit pouvoir aller voir la carrière de marbre de plus près. Elle est derrière le cimetière. De toute façon, on la voit bien au loin, depuis le belvédère où l'on se trouve. Nous programmons le GPS pour ne pas tourner et virer en perdant de précieuses minutes et nous arrivons finalement au cimetière.

 

GLAUQUELAND

 

 

Immaculé, magnifique, même avec les engins d'extraction de marbre en arrière-plan. Toutes les croix, les grandes comme les petites, sont blanches. Le marbre est partout. Il les accompagne dans la vie, il les suit dans la mort. Nous parcourons un moment les allées, à la recherche de ce point de vue sur la carrière que nous pensons se trouver à l'intérieur du cimetière. Le mur du fond, qui donne sur la carrière, est bien trop haut. Même en faisant l'équilibriste sur un robinet d'eau, on ne voit goutte (d'eau évidemment - je suis impayable).
Je fais quelques clichés de croix et de tombeaux lorsque je me retrouve dans une allée bordée de ces petite maisons funéraires, comme des mausolées. Les nôtres en France sont closes et l'on ne voit rien. Ici, celle qui attire mon regard est en piteux état (mon radar "urbex" est en alerte rouge) et lorsque je m'en approche, je me rends compte que la vitre de la la porte en fer forgé est cassée. Je m'avance donc naturellement pour voir l'intérieur, m'attendant à trouver probablement un vieux bouquet de fleurs en plastique et des cadres ou des photos délavées.
Deux cercueils reposent de chaque côté de la porte, sur des étagères. Celui de droite me fait frissonner : il ne doit pas faire plus d'un mètre de longueur. Poussiéreux, on voit qu'il est là depuis longtemps. Celui de gauche m'arrache un "oh!" choqué : de taille adulte, son couvercle est de travers par rapport au fond, comme si on l'avait ouvert. Enfin, pas "comme si" : il est ouvert ! Les dentelles fixées sur les bords du couvercle sont à moitié décollées, la poussière a tout recouvert également mais ce cercueil est ouvert !! Je n'en vois pas le contenu, recouvert par une sorte de tissu ou de plastique. Cela semble rigide.
Nous restons quelques instants tous les deux le regard vissé sur ce cercueil ouvert puis passons notre chemin, croisant d'autres mausolées dans lesquels on peut voir les cercueils empilés, dont beaucoup (trop) sont de petites tailles. La visite complète est disponible ici dans la section Urbex.

 

 

CARRIÈRE

 

En sortant du cimetière, Olivier trouve finalement une petite route sur la gauche qui semble mener à l'entrée de la carrière. Un ouvrier lui fait signe qu'il peut entrer pour faire des photos ! Ils sont cools ces Portugais ! En France, cela n'arriverait certainement pas. Je le rejoins peu de temps après et en l'espace de quelques minutes, nous changeons totalement d'univers : nous sommes en train de déambuler parmi d'énormes blocs de marbre brut, posés comme d'énormes cubes à jouer, autour de pelleteuses et d'engin d'extraction énormes.
Nous nous rapprochons du bord de la carrière : une cavité quasi-abyssale d'une trentaine de mètres plongeant à pic, au fon de laquelle se trouvent d'autres engins comme autant de jouets miniature, cette fois. Les parois sont verticales, presque lisses, prenant des teintes blanches, rouges ou vertes selon l'éclairage, l'orientation et la végétation qui pousse à chaque palier. La vue est spectaculaire. Nous y restons une petite demi-heure avant de repartir en tapant nos sandales de toute cette poussière de marbre.

 

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MARVÃO

 

Il nous reste une heure de route, que nous rallongeons un moment en nous arrêtant dans un Continente pour faire nos derniers achats. Nous longeons toujours la frontière espagnole en remontant vers le nord, mais le paysage n'est déjà plus le même qu'hier. Plus de terres désertiques et arides, plus de nuages de poussière. Ici, la végétation a repris le dessus. Tout redevient vert, frais, vivant, c'est un soulagement, même si la température s'élève aux alentours de 38°C par moments. Les eucalyptus sont toujours nombreux, mais détrônés dans cette région de l'Alentejo par les chênes-liège, qui sont légion. Si vous ne les reconnaissez pas aux feuilles, vous les reconnaîtrez à leur tronc, souvent "écorcés" jusqu'à deux mètres de hauteur, puisque leur écorce est en liège. Ici, le liège sert avant tout à fabriquer des bouchons évidemment, mais aussi une multitude d'objets vendus aux touristes : dessous de plats, porte-monnaies, protège-bouteilles et même des cartes potales ! Cela a l'air d'être la nouvelle mode par ici.

Nous arrivons vers 19h30. Nous découvrons la cité de loin : sur un piton rocheux, on ne voit que Marvão à des kilomètres à la ronde. Elle est merveilleusement belle : l'enceinte se confond aux rochers sur lesquels elle est bâtie, de sorte qu'on croirait que la cité sort littéralement de la montagne. Le château massif se dresse à une extrémité, et l'on peut même voir les toits blancs des maisons à l'intérieur.

 

 

 

 

Une fois la voiture garée, nous prenons les appareils et filons vers la muraille, que nous parcourrons et photographieront sous toutes les coutures jusqu'au moment du coucher du soleil, à 20h45 précisément. Il nous semblera même apercevoir le fameux rayon vert au moment ultime.

 

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Nous partons à la chambre, qui se trouve bien située, à l'entrée de la cité. Tout est noir et fermé. Un instant d'inquiétude, puis en frappant à la porte, la lumière s'allume et une gentille dame nous fait entrer et visiter avant de nous remettre les clés. Superbe chambre dans une maison probablement particulière, avec salle de bain privative séparée. Salon commun, et un second à l'étage, avec un balcon. Dommage que nous n'y restions pas plus longtemps.

Le repas, nous le prendrons dans le bled d'à côté, Portagem, car selon nos guides, il n'y a rien de fameux ici. Ce qui me donne l'opportunité de goûter un ultime plat de morue. La vie est bien faite, quand même. Au retour, le ciel noir étoilé souffle à Olivier l'idée que je pourrais éventuellement faire un timelapse sur la muraille... ce qu'il s'empresse de me répéter. Evidemment, il ne faut pas me le dire deux fois : à peine arrivé, je prends son trépied (puisque j'ai perdu le mien), mon matériel ainsi que la tablette et mon clavier. Je grimpe les côteaux de terre dans la semi-obscurité, manquant me mettre par terre plus d'une fois avant d'atteindre un premier escalier en pierre. Quelques minutes plus tard, je me retrouve sur le mur d'enceinte, calant mon appareil entre deux créneaux et lançant mon timelapse. 1h10 à attendre...mais comme j'ai ma tablette et mon clavier, j'en profite pour faire mes devoirs du jour : le compte-rendu que tu es en train de lire, cher lecteur.

Il est maintenant 1h16. Mon timelapse est fini depuis quelques minutes mais il fait si bon ici, en haut, que je suis resté pour terminer mon rapport. Les chauves-souris volent très bas ici... je ne les vois pas mais j'entends un "wooouch" quand elles me passent à côté. Je ne vais peut-être pas tarder à redescendre... qui sait ce que ces murs ont vu à travers les âges, et si quelque malédiction n'est pas encore dormante, prête à envoûter le premier voyageur qui viendrait équipé d'une lumière rouge pour taper son blog de voyage... Allez, zou, j'y vais.

 

 

 

 

 

 

 

   

 

 Notre Avis sur 5 

 ... qui n'engage que nous!

 

Évora🤩🤩

✅  Rien de bien extraordinaire. Eglise jolie, ossuaire curieux, mais voilà, on s'arrête là.

 

Estremoz🤩🤩🤩

✅  Village typique, construit en marbre grâce à la carrière. Belle balade. 

 

 

 

 

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Pourquoi "Ways and Days"?

Ways, c'est "chemins" en anglais. Et days, jours, bien sûr.

A travers ce blog, je partage ma double passion : la photographie et les voyages. Rien de bien extraordinaire, évidemment, mais ce ne sont pas de simples voyages "géographiques" qui me font parcourir des chemins aux quatre coins du monde, même si l'attrait est évident. Je fais également de la photo d'UrbEx, c'est à dire d'exploration urbaine, qui m'entraîne à découvrir des lieux abandonnés : capter le souvenir de cette vie passée, de cette agitation qui n'est plus, capturer les traces du temps, de ces jours, de ces années, envolés, le délabrement progressif des murs, des meubles, des objets oubliés, ces atmosphères pétrifiées, imaginer des vies souvent d'une autre époque, penser à ces âmes qui ont un jour parcouru ces lieux constitue pour moi autant de voyages temporels.

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