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Je préfère dire Rangoon que Yangon. C'est bête, mais Yangon ne m'évoque rien, tout simplement parce que je ne connaissais pas le nom avant ce voyage. Alors que Rangoon... Il n'y a rien de plus exotique que cette sonorité. J'imagine la jungle, les explorateurs british aux moustaches en pointe, mais aussi les grand bâtiments coloniaux, les odeurs d'épice, la couleur ocre, sépia. Le désuet. Comme Pondicherry, en Inde.

Rangoon est une ville explosive, qui pulse à toute heure de la journée. Dans chaque rue, chaque parc, c'est une foule incommensurable qui achète, qui vend, qui hurle, qui court, qui joue, qui marche, qui pédale, qui boit, qui mange, qui discute... Partout dans la rue on voit de gens assis qui boivent le thé au lait ou qui mâchouillent une feuille de bétel, qui leur donne des dents entre le rouge et le noir, et qui les fait cracher à tout instant, en tout endroit. C'est assez écœurant. Ils en roulent aussi avec une pâte blanche à l'intérieur et une pincée de tabac pour les faire sécher et les fumer comme de petits cigares verts. On ne passe pas une minute sans entendre ou voir quelqu'un cracher, se racler la gorge. Tout le monde y est indifférent, au moins en apparence. Le mâchage de bétel est tellement ancré dans les mœurs que son interdiction est même mentionnée sur les panneaux officiels dans les aéroports par exemple, en dessous de celle de fumer.

On voit aussi beaucoup d'adolescents et jeunes hommes jouer au chinlon, avec leur balle tressée en bambou, par groupes de 5 ou 6. Ils doivent jongler avec sans la laisser toucher terre, en ne se servant que de certaines parties de leurs corps et des zones particulières des pieds. Et ils sont plutôt habiles à ce jeu-là. C'est à ça que les gamins jouaient à Intein quand nous sommes arrivés au petit monastère.

 

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Une grande majorité d'immeubles est délabrée, rouillée, mangée en pleine façade par les mauvaises herbes même à 10 mètres de hauteurs, et chaque façade est hérissée d'antennes râteaux et de paraboles, entre les vêtements qui sèchent, au bon air frais... La pollution est incroyable. Une journée complète dehors, en claquettes parce qu'il fait si chaud, vous impose un décrassage d'au moins 10 bonnes minutes le soir au retour. C'est pourtant la saison sèche en ce moment, mais l'atmosphère est humide, moite et rendue encore plus lourde par la chaleur des pots d'échappement, les gaz et la vie trépidante de cette cité.

Nous sommes réveillés vers 6h30. Impossible de continuer à dormir. La circulation bat son plein, je ne sais pas ce qu'ils font au rez-de-chaussée mais on dirait qu'ils déplacent des meubles, à moins qu'ils percent des trous dans un mur. Un vacarme de tous les diables. Et c'est sans mentionner le personnel de l'établissement, moyenne d'âge 22/23 ans, qui s'apostrophe d'une chambre à l'autre, tout le temps en train de plaisanter et de rire. Malgré leur histoire, les Birmans donnent l'impression d'être un peuple heureux. Ce soir encore, au restaurant, les jeunes serveurs ne cessaient de se chamailler. Des gens souriants et joyeux.

Olivier est réveillé également et trie ses photos. Tu te rappelles, lecteur, qu'il prend tout en triple avec des ouvertures différentes entre les clichés pour ne garder que la meilleure exposition. Mais avant de la garder, cette meilleure, les photos remplissent les cartes mémoire et il en vient à bout tous les deux jours en moyenne. Il passe donc un temps infini à trier ses photos pour faire de la place. Il ne travaille que sur 3 cartes mémoire, c'est si peu ! Mais bon, quand on voit le résultat, on lui pardonne. M. Pentax a l'œil redoutable. Elles sont superbes, ses photos.

Ma cheville me fait toujours mal, mais n'est pas très enflée. Chidam. Moi qui me voyais déjà en arrêt maladie pour la semaine prochaine. Pff. C'est pas de chance. On va quand même louer des vélos pour aujourd'hui, je ne me sens pas de marcher autant que hier. Olivier me chambre. Je suis douillet, apparemment. Je lui rappelle gentiment qu'à Ngapali, Monsieur a réussi à se couper le gros orteil sur le seul et unique rocher qui se trouvait dans les parages. En l'espace d'une dizaine de minutes, il a dû s'y cogner 3 fois au moins. Et à chaque fois, c'était un cri de surprise, comme s'il ne pouvait absolument pas y avoir de rocher là, à cet endroit précis. Un gag. Et donc maintenant, il me ressort sa blessure de guerre, qui a bien failli lui valoir une amputation, et me traite de douillet ? Non mais "allo, quoi!" ! (et je ne mentionne même pas sa fièvre du poignet!)
Nous descendons prendre le petit déjeuner birman commandé la veille. Une soupe de nouilles avec une sauce à la noix de coco. Sympa mais sans plus. Je préfère les pancakes.

 

LE CHEVEU DE BOUDDHA

 

Au programme aujourd'hui : une des trois monumentales pagodes de Rangoon, la Botataung, puis on doit monter au nord voir la maison de Aung San Suu Kyi et repasser par le marché Bogyoke pour finir les cadeaux et cartes postales. Nous partons à vélo. Cette fois-ci, j'ai un panier de mémère ma foi fort pratique pour mettre le sac à dos. Nous descendons d'abord à quelques avenues au sud, le long de la rivière, où se trouve la pagode. Pas de chance, elle est recouverte en intégralité de paillasses en feuilles de bananier tressées, probablement pour rénovation. C'est plus joli que les bâches de construction qu'on a en France. Nous payons notre dû en tant qu'étranger puis entrons dans l'enceinte.

 

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Encore une pagode, me diras-tu, lecteur. Et je te donnerai raison. Moi-même n'étais-je que très légèrement enthousiaste à l'idée de la visiter. Mais celle-ci a quelque chose de plus que les autres : elle abrite une sainte relique de Bouddha : un cheveu. Comme dans nos églises, il doit donc y avoir un grand tralala autour, avec moultes fioritures et diamants.

Je ne suis pas déçu. Dès le haut des marches menant au cœur de l'édifice, l'espace est aménagé en une dizaine de pièces triangulaires dont les pointes de chacune sont au centre. L'espace intérieur de la pagode est en fait divisé en quartiers, comme une orange, et nous pouvons les parcourir les uns après les autres. À partir de là, tout est doré à la peinture. Des protections vitrées montent à deux mètres cinquante de haut pour éviter les grattages inopportuns. Des murs avec leurs multiples arabesques jusqu'au plafond, en passant par les canalisations, les câbles électriques et même les verrous, tout est peint couleur or ! C'est quand même surprenant. Au détour d'une salle, on voit un yogi, ou du moins un fidèle différent des moines ou des simples visiteurs, en tailleur sur un tapis, avec une bougie et qui marmonne quelque chose, les yeux mi-clos. Dans d'autres salles, des moines sont assis par terre, perdus dans leurs pensées.

 

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Le point de départ, à l'entrée de l'édifice est donc aussi le point d'arrivée, une fois qu'on a fait le tour. Et correspond en fait avec l'emplacement de la relique, dans l'angle aigu de la pièce. La relique se trouve enchâssée dans une structure d'un peu moins d'un mètre de haut, en ivoire et or et décorée de diamants, sous une cloche en verre, au centre exact de la pagode. Le tout est à 1,50m de hauteur. Devant, des paniers tressés débordent de billets pliés. Le visiteur ne peut s'approcher davantage, une vitre l'en empêche. Une simple ouverture de boîte aux lettres lui permet uniquement de passer le bras et lancer son billet dans l'espoir qu'il atterrisse et reste dans un des paniers, signe que son vœu se réalisera. Les billets jonchent le sol, et tombent même à côté, dans un renfoncement qui ressemble à l'intérieur d'un puits en briques d'or. Chacun y va de sa dévotion, ou de sa photo, ou des deux.

 

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À l'extérieur, sur la place carrelée, un petit pont asiatique enjambe un bassin avec de dizaines des tortues. Puis tout autour, le lot de petits autels, statues et scènes de la vie de Bouddha, le tout imprégné d'encens. Nous y restons pas loin d'une heure. Juste le temps pour moi de me faire chier dessus par un corbeau. Et je ne m'en suis même pas rendu compte. C'est en regardant mon bras droit que je vois au bout d'un moment une jolie coulure blanchâtre. Je suis resté digne, tu me connais, lecteur, et j'ai remercié Bouddha d'avoir emporté des lingettes.

Puis nous partons pour le marché Bogyoke, qu'on n'a pas pu visiter hier puisqu'il était trop tard. En fait de marché, une immense halle ou des centaines de boutiques de textiles, bibelots et autres souvenirs se partagent un espace des plus limités. Les prix ne sont pas forcément très intéressants mais c'est sympa de voir ce qui se fait. Je vois que je me suis fait arnaquer pour mon longyi que j'ai payé de mémoire 8000k alors qu'ici, avant marchandage, ils sont à 4000k. Tsss. Tout ça pour le mettre jamais 2 fois par an. Et encore.

 

 

Nous cherchons des cadeaux pour Olivier, qui n'a encore rien acheté. Il repousse toujours, espérant toujours trouver mieux ou moins cher, je ne sais pas. Jusqu'à être acculé et se retrouver à acheter des souvenirs pourris à l'aéroport. Depuis une semaine, il regrette de ne pas avoir acheté ci ou ça, et cherche même à me racheter ce que j'ai acheté ! N'importe quoi !

 

Depuis le début je suis à la recherche de fruits que j'ai mangé aux Philippines et en Malaisie : des mangoustans et du jacquier. Les premiers sont comme des mandarines mauves très dures qu'on ouvre en se servant des mains comme d'un casse-noix. À l'intérieur, des quartiers au goût de lychee, c'est super bon. Mais le top du top, c'est le fruit du jacquier. Cette énorme boule verte d'au moins 40 cm de diamètre et pleine de piquants à un goût que je n'ai pas retrouvé ailleurs. Il faut qu'Olivier goûte ça. Le bon Dieu (ou Bouddha) est avec nous : sur quelques mètres, nous trouvons nos mangoustans, notre jacquier et même de la mangue, alors que depuis le début du voyage, on nous rabâche que ce n'est pas la saison. Nous faisons le plein de tout, puis allons traîner notre misère sous les arcades du marché. Séance découverte.Birmanie   1449

On est assis devant un magasin où les vendeuses nous épient sans vergogne et rigolent. Il faut dire que je ne m'en sors pas franchement bien avec mes mangoustans. J'avais oublié à quel point c'est dur. J'en ouvre un premier pendant qu'Olivier déguste ses quartiers de jacquier avec délectation et je l'engloutis de suite. J'adore... Promis, le prochain sera pour lui.

Il n'y aura pas de prochain. Nous en avons acheté 10 et tous, les uns après les autres, sont pourris, ou passés. Ils sont tellement durs à ouvrir que j'en appelle à l'aide des vendeuses qui me montrent comment m'y prendre. La honte ! Tous pourris. On se venge donc sur la mangue, grosse et juteuse à souhait, ainsi que sur le jacquier qui ne dure pas plus longtemps. Puis je repars voir la vieille qui nous a arnaqués avec ses mangoustans pourris et je lui montre la poche avec tous les fruits ouverts. Elle me regarde, baragouine quelque chose puis en prend un dans son étal. Elle l'ouvre. Pourri. Elle me regarde, je la regarde, elle me regarde avec un sourire blasé, je la re-regarde avec une moue énervée et elle me fait signe de prendre une pastèque à la place. Pfff. Je repars avec ma pastèque.

Nous quittons Bogyoke Aung San Market (oui, Aung San, le père d'Aung San Suu Kyi, est idolâtré à tous les coins de rue). À ce stade, nous avons plusieurs options : aller voir la maison d'Aung San Suu Kyi, sur University Avenue Road où, vu l'heure, nous contenter de nous arrêter et passer un moment au lac le plus proche de nous, le lac Kandawgyi. C'est ce que nous choisissons. Nous repassons d'abord par le Jardin Mahabandoola pour manger notre pastèque assis sur l'herbe, puis direction le lac.

 

LAC KANDAWGYI

 

Nous parcourons une partie du lac sur le ponton de bois qui longe sa berge et suit chaque contour, c'est très joli. Les Birmans y viennent faire du jogging. Nous avons droit, pour les 2$ d'entrée, à des lotus à la surface et la paya Shwedagon qui va bientôt s'illuminer en arrière-plan.

 

 

 

 

Le restaurant Karaweik, un gigantesque catamaran-pagode mené par deux dragons dorés attire l'attention d'Olivier. Il a déjà vu ce restaurant... mais où ? C'est le logo de la bière Myanmar, sur toutes les étiquettes ! Énorme ! Séance photos avec une bouteille de roteuse pour comparer.

 

 

Plus loin, je sors mon appareil de mon sac, dans le panier du vélo, et là, de nouveau, c'est le drame : le pare-soleil de mon appareil est mal fixé, mon vélo appuyé à la rambarde du ponton. Tu comprends la suite, lecteur. Je sors l'appareil, le pare-soleil fait plouf et j'ai juste le temps de keuner un gémissement pitoyable, main tendue, qu'il est déjà au fond. Non mais quel chat noir ! Mon pare-soleil va passer l'éternité embourbée dans ce lac en Birmanie, titillé par les poissons. Je suis en deuil.

Le soleil s'est couché. Nous repartons avant de nous faire littéralement dévorer par les moustiques. Nous décidons de revenir manger au restaurant que nous voulions tester hier soir, le Feel Myanmar Food. Go ! Un coup de GPS et de pédales et nous y sommes. Un large buffet s'offre à nous, on ne sait que choisir. C'est une grande brasserie, une véritable ruche. Ça court, ça parle, ça discute dans tous les sens. On a l'impression de devoir se dépêcher à manger, alors qu'il n'en est rien.

© www.feelrestaurant.com

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Puis pour finir la dernière vraie soirée au Myanmar, nous revenons au Taste (même maison que le Feel Myanmar Food), le resto de la veille juste à côté, pour un cocktail. C'est plus calme, propice à nos lamentations sur le retour imminent. Mais elles n'ont qu'un temps. Il fait bon, nous sommes sous un arbre, un bon cocktail devant nous, même la musique est sympa. On trinque à nous, aux vacances, à ce super voyage. Qu'il y en ait plein d'autres !

 

 

 

 

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 Notre Avis sur 5 

 ... qui n'engage que nous!

 

Paya Botataung : 🤩🤩🤩🤩

  Une surprise, un poil excitante, avec la relique du Bouddha. 

le marché Bogyoke : 🤩🤩🤩

   Sympa pour compléter ses cadeaux de retour. Assortiment incroyable d'objets et tissus de totues sortes.

 ❌  Pas forcément le lieu pour faire des affaires.

Lac Kandawgyi🤩🤩🤩🤩

   Atmosphère très calme, belles promenades sur les pontons de bois où l'on croise des familles, des sportifs ou des moines.

 

 

 

 

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Pourquoi "Ways and Days"?

Ways, c'est "chemins" en anglais. Et days, jours, bien sûr.

A travers ce blog, je partage ma double passion : la photographie et les voyages. Rien de bien extraordinaire, évidemment, mais ce ne sont pas de simples voyages "géographiques" qui me font parcourir des chemins aux quatre coins du monde, même si l'attrait est évident. Je fais également de la photo d'UrbEx, c'est à dire d'exploration urbaine, qui m'entraîne à découvrir des lieux abandonnés : capter le souvenir de cette vie passée, de cette agitation qui n'est plus, capturer les traces du temps, de ces jours, de ces années, envolés, le délabrement progressif des murs, des meubles, des objets oubliés, ces atmosphères pétrifiées, imaginer des vies souvent d'une autre époque, penser à ces âmes qui ont un jour parcouru ces lieux constitue pour moi autant de voyages temporels.

Chère lectrice, cher lecteur, tu trouveras une partie photos avec des galeries d'images, et aussi, si tu es plus intéressé(e), une partie carnets de voyage, ou tu pourras lire le récit au jour le jour de nos péripéties à l'étranger. Une dernière partie sera consacrée à l'UrbEx.

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