Promis, lecteur patient, je vais faire beaucoup plus court aujourd'hui. N'hésite pas, il faut me le dire quand c'est trop long!
Réveil matinal ce matin, au moins pour Pentax qui doit absolument repartir à l'autre bout de l'île pour récupérer son sac d'appareil photo, oublié la veille dans le pub à Craignure. Debout à 6h45, départ à 7h, il prévoit d'être de retour vers 8h30, pour avoir le temps de prendre le petit déjeuner avant d'enchaîner avec notre nouvelle journée.
Je me propose bien de l'accompagner, je connais l'animal, et il doit être en mode "je dois récupérer mon sac" et la conduite à gauche ne va pas l'aider. Mais non, il part tout seul. Soit, pour la peine, je reste au lit.
Vers 8h15, je descends au petit déjeuner, commande mon repas écossais, c'est seulement le second depuis le début, je n'abuse pas. A moi le boudin à la canelle (black pudding), les œufs, les toasts, la saucisse, le bacon et la galette de patates! Et je suis en pleine relecture/correction de ma prose de hier (que je n'ai pas pu poster car pas de code WiFi - d'ailleurs, la serveuse vient de me le donner : buyanotherdrink, "commandeunautreverre", j'aurais pu trouver!) quand je vois Olivier passer devant la baie vitrée de l'espace repas, un large sourire aux lèvres, le sac photo en bandoulière. Bon, ça, c'est fait, donc.
Et j'avais raison pour la conduite. Il me raconte qu'à un moment, un camion poubelle arrive en face de lui, sur la route à une voie (il semble n'y avoir que ça ici) et instinctivement, il se range à droite... Et se retrouve face à face avec le camion... Bon enfin, tout est bien qui finit bien. La récupération du sac a été sportive, apparemment: après avoir frappé à une porte ouverte, un papi écossais arrive et là, c'est le trou. Olivier a oublié comment dire "appareil photo" en anglais. Le papi le regarde, muet, interdit, et le laisse se dépatouiller comme il peut. Pentax transpire, Pentax bredouille, Pentax bégaye et bave même un peu... Et finalement, "camera" lui revient ! Le papi revient, parle à d'autres personnes, et son sac réapparaît, bien évidemment avec tout le matériel à l'intérieur.
STAFFA
Nous sommes parés pour la journée. Olivier a le temps de commander son petit déjeuner, nous terminons de manger puis décollons pour Fionnphort. Oui, c'est très moche comme nom, mais c'est de là que part notre Staffa Tour, réservé pour visiter deux îles non loin : Staffa et Iona (prononcer "aïona").
Nous arrivons tous les trois au minuscule port de Fionnphort un quart d'heure après. Hm? Quoi, lecteur? Trois? J'ai dit trois? Ben oui, la pluie, Olivier et moi. Oui parce que depuis 2 semaines que nous parcourons le pays, nous considérons la pluie comme un voyageur à part entière, elle nous accompagne presque partout. Il pleut des chats et des chiens, comme nos cousins les Bretons disent ici. Ça tombe dru. On s'habille avec moultes parkas et autres ponchos et nous nous rendons à l'embarcadère. D'autres touristes y sont déjà, emmitouflés dans leurs pantalons et vestes de K-Way.
A 10h, nous sommes à bord d'un petit bateau aux couleurs de la compagnie qui ressemble fort à un bateau de pêche reconverti. Nous sommes une cinquantaine à monter à bord, dont un groupe de retraités italiens qui, je pense, doivent se demander ce qu'ils font là. Chacun d'eux est une ôde aux stéréotypes à la fois du 3e âge, des touristes et des Italiens. Et de surcroît ils ont pour guide un gars immense dans toutes les directions habillé en costume! Je précise que le tour est une escapade de trois heures sur deux îles, dont une inhabitée. Il ne peut pas être moins à sa place, comme les mamies qui ont déjà du mal à mettre un pied devant l'autre à bord du rafiot.
Le bateau part. Le troisième âge est parqué à l'intérieur, et ça piaille et ça ricane, et vas-y que je gesticule des mains, et vas-y que je gueule à tue-tête à deux personnes d'écart, comme si mon interlocuteur se trouvait sur un autre bateau... Elles feront moins les malignes lorsqu'il s'agira d'en descendre...
Nous montons sur le pont d'observation. Avec de la chance, nous pourrons voir des baleines et/ou des dauphins et/ou des macareux. Bon, finalement, ça sera macareux seulement au menu, et pas beaucoup, mais c'est déjà ça!
On se prend un bon grain à l'aller, et on en aura un tout aussi bon au retour. Un de ceux qui ne tombent pas mais qui giflent, qui fouettent. Chaque goutte de pluie est comme un grêlon reçu en plein visage. Mais pour l'heure, nous débarquons sur Staffa trois gros quarts d'heure après.
Staffa est une île basaltique. Rien que ça devrait chez toi, lecteur instruit, susciter l'envie. Je ne doute pas que tu as déjà vu ou même visité la Chaussée des Géants, en Irlande du Nord? Mais si, ce lieu étrange qui ressemble à une œuvre d'art en milieu naturel : des rochers noirs cubiques, comme empilés les uns sur les autres à différentes hauteurs, telles des colonnes qui sortiraient de l'eau, ou de gigantesques escaliers.
Staffa est constituée de colonnes géantes de basaltes, c'est extrêmement surprenant et surtout magnifique à observer. On croirait une création divine, comme si Dieu avait joué au Mikado et était parti se chercher un bière en laissant le jeu en l'état. Certains rochers-colonnes sont à l'horizontal alors que d'autres sont verticaux. Ils se plient parfois, mais jamais ne semblent casser de sorte que l'ensemble peut tour à tour avoir l'apparence de draps soigneusement pliés ou de poutres enchevêtrées. La couleur est noire, sauf à la surface de l'eau où le basalte se couvre d'algues ou de coquillages et vire au marron, voire au vert. Ici, l'eau est limpide et d'un bleu de fou. Je te laisse imaginer les effets de couleurs si l'on mélange tout ça!
C'est un ravissement. On n'en peut plus de shooter. On ne sais plus où diriger nos appareils. Le clou de la visite, c'est Fingal's Cave, une énorme cavité naturelle, toujours basaltique, qui est creusée sur un côté de l'île. Une légende est attachée à cette caverne, mais je ne comprends pas ce que les hauts-parleurs du bateau crachent sur le pont lorsqu'on nous la raconte. Qui était Fingal? Apparemment, un général irlandais qui émigra en Ecosse avec ses fidèles soldats et dont l'épopée se teinta à peu à peu d'une aura mythique comme l'histoire du roi Arthur et ses chevaliers.
Le bateau nous lâche sur l'île et nous reprendra dans une heure. A nous l'exploration! Les mamies italiennes, elles, restent bloquées en haut des escaliers assez raides qui nous permettent de monter sur le champ d'herbes vallonné qui constitue le sommet. Elles ne peuvent pas aller plus loin, certaines ont du mal à marcher... Quelle idée de venir ici !
Tout est magnifique, une fois de plus. Je suis désolé, lecteur lettré, de n'avoir que peu de vocabulaire pour décrire ce que nous voyons, mais tout est vraiment magnifique. Les falaises sont rectilignes, droites, toujours faites de ces colonnes de basalte noir qui résultent d'un écoulement de lave lentement refroidie par l'environnement. J'admets, l'explication géologique est un peu légère, je ne suis pas un spécialiste, mais le résultat vaut son pesant d'or!
Au bout d'une demi-heure, nous redescendons des sommets de la petite île pour nous attaquer à Fingal's Cave elle-même. Un parcours sur les têtes de colonnes à été délimité par un cordage et on peut aller et venir en marchant sur ces gros cubes, tel un Michael Jackson en ciré jaune éclairant ses dalles lumineuses dans le clip de Billie Jean. La grotte est impressionnante. Même le plafond est fait de ces formations cubiques, on croirait vraiment une mise en scène, un décor. Puis il est temps de remonter sur le bateau qui nous attend déjà (nous serons les derniers à embarquer...). Étape suivante: Iona Island.
IONA
Iona se trouve devant Fionnphort, à un quart d'heure de bateau. On nous y dépose depuis Staffa. Nous pourrons en repartir quand bon nous semble. Iona est un haut lieu de la vie spirituelle médiévale écossaise. En gros: il y avait un complexe religieux sur l'île: une nonnerie, des églises paroissiales et surtout une abbaye. L'Irlandais Saint Colomba débarqua sur l'île en 500 et des brouettes, y fonda un monastère d'où il organisa l'évangélisation de l'Ecosse. Une broutille. Iona devint alors un grand centre religieux et de pélerinage ainsi que le lieu de sépulture des rois. On dit même que Macbeth (celui raconté par Shakespeare) y reposerait. j'ai cherché sa tombe, je ne l'ai pas vue. C'est peut-être pour cela que "on dit que".
L'abbaye est une splendeur. Toute restorée au 20e siècle, l'intérieur est étonnant : au bout de la nef, deux fenêtres latérales viennent éclairer l'autel, donnant un éclat tout particulier aux fougères qui poussèrent sur les murs lorsque l'abbaye était en ruine et qui continuent de pousser, preuve que le bâtiment est sain, à ce qu'on dit. Ces fougères confèrent à cet intérieur sculptural un caractère naturel, vivant, comme si la nature elle-même faisait partie du sentiment religieux des lieux. On se croirait dans une exploration d'urbex version très, très class.
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16h, nous repartons vers Fionnphort avec le petit ferry d'Iona. Là, nous remontons en voiture et on enquille l'heure de route à voie unique qui nous sépare du gros ferry qui nous ramènera sur la terre ferme. Enfin, la plus grande île, en tout cas : la Grande Bretagne, que les Britanniques appellent parfois mainland (le continent. On aura tout vu.)
Cette fois-ci, au terminal de ferry de Craignure, nous ne prenons pas la file des non-réservés puisque tout est en bonne forme. Nous arrivons tellement à l'avance (oui, oui) que nous embarquons sur le ferry de 18h au lieu de 19h15 tel que c'était prévu. Arrivée à Oban vers 18h45.
SOIRÉE
Nous avons largement le temps de faire quelques boutiques de bêtises puis nous allons dîner dans le (soi-disant) meilleur Fish and Chips d'Oban. C'est pour ça qu'Olivier commande un haggis et moi un fish'n cream pot, sorte de hachis parmentier mais avec différents poissons. Et les sempiternels petits pois vert fluo, fort bons au demeurant (je crois que je n'ai jamais mangé autant de petits pois en aussi peu de temps).
Nous arrivons à notre Air BnB du soir vers 22h après que j'ai enfin pris le temps de m'acheter ma reine qui dodeline de la tête que je cherchais depuis longtemps (pour mettre dans ma classe - son espérance de vie sera réduite alors à peau de chagrin mais c'est pas grave). Notre hôte vous accueille cordialement et semble être une filoute qui a fait la pub de sa chambre en la localisant à Oban, la ville touristique du coin avec un gros trafic de voyageurs grâce aux ferries... alors qu'elle habite à une dizaine de miles.
Je lui demande innocemment comment il se fait que l'adresse d'Air BnB soit aussi fausse que ça : 10 miles, c'est quand même 15 kilomètres ! Elle ouvre des grands yeux, elle ne comprend pas. C'est pourtant elle qui m'a envoyé un texto il y a deux jours pour corriger l'adresse qu'Air BnB m'avait transmise.
Mais en voyant la chambre, tout est pardonné ! Séparé de la maison - de la demeure - principale, nous avons tout le confort possible, avec salle de bain privative à deux douches, coin cuisine privé également, c'est quand même sympa.
Sur ce, je te quitte, lecteur. Tu vois? c'est plus court ce soir. Je te souhaite la douce nuitée.
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Notre Avis sur 5
... qui n'engage que nous!
Staffa Island Tour : 🤩🤩🤩🤩🤩
✅ Vraiment magique, un incontournable pour la curiosité et la beauté du paysage.
Iona Island & Abbey: 🤩🤩🤩🤩
✅ Belle découverte, c'est une toute petite île, on y déambule entre cimetière, abbaye, hameaux et jardins.