Ça commence à tousser côté organisation. Il faut dire que si le voyage est vraiment bien pensé et nous fait découvrir des sites fantastiques, la préparation des sorties en elle-même souffre d'un flou - artistique ou pas - qui nous fait souvent perdre du temps. Le déplacement d'un groupe de 25 personnes est déjà assez délicat et soumis à une grosse force d'inertie. À cela s'ajoute des décisions d'itinéraire à prendre qui auraient dû être prises en amont. Nous passons beaucoup de temps à étudier les routes, les arrêts, par où passe-t-on, ah oui mais là c'est mieux, j'ai faim, j'ai envie de faire caca. Bref, on perd une éternité chaque jour.
Du coup, Yann et Prisca passent beaucoup de temps à gueuler (ou du moins parler fort) en essayant de resserrer les horaires et d'imposer une marche à suivre de plus en plus difficile à respecter. Il est vrai que nous 2 sommes plus habitués à être en free-lance, s'arrêter ou l'on veut, quand on veut pour prendre une photo, et c'est un peu frustrant de voir passer des spots magnifiques mais de ne rien pouvoir faire d'autre que suivre les voitures et les instructions crachées dans les talkies.
Ce matin, c'est dont départ annoncé à 8h. Les nuits sont très courtes, Eléa ne sait plus où elle habite le soir. Hier, elle a pris des comprimés d'aspirine pour faire passer des douleurs aux yeux.
Bref donc ouais, en gestion de groupe et d'itinéraire, peut mieux faire. Je pense que tout cela participera à faire de super souvenirs. Même l'ambiance dans *certaines* voitures laisse apparemment à désirer, d'après les ouïe-dire, mais je ne m'avancerai pas, cela ne nous regarde pas. Même si certains demandent ou aimeraient changer temporairement de voiture, je ne peux que supposer que les tensions naissent rapidement de cette nécessaire promiscuité. Force est de constater que les générations sont comme l'eau et l'huile : le mélange à long-terme est assez difficile, mais encore une fois, je ne peux rien affirmer. Ces histoires restent du domaine du privé, dans l'habitacle de chaque véhicule et cela ne nous regarde pas.
Nous c'est la fun car, on se bidonne avec Christophe et Lélia et on discute avec tous les invités qui les remplacent occasionnellement : Nadège et son charmant accent ariégeois, Loriana le loir (Yaya pour les intimes), la danseuse kinésithérapeute et le cuistot boxeur thaï (Olivia & Yannick), bref, un petit monde sympathique avec qui nous nous entendons bien.
Mais je m'égare. Nous allons ce matin au parc de Yosemite, mais avant repassons par un Walmart pour faire les courses du midi. C'est à ce moment que je me rends compte que je n'ai pas rendu les cartes magnétiques de la chambre. Damned. Il faut revenir.
Nous arrivons à Yosemite un peu avant midi (pour ne pas se taper la honte comme moi, prononcer en anglais /yoSÉmiti/). Le premier site où l'on veut s'arrêter est à Mariposa Grove, la plus étendue des trois forêts de séquoias de Yosemite. Nous nous lançons sur une courte randonnée pour découvrir d'autres arbres géants et un autre fameux tunnel creusé dans un tronc de séquoia vivant, lui. Les voitures n'y passent pas ici, juste les randonneurs et avant, les diligences. Il fait assez chaud, le groupe s'étire au fur et à mesure de la marche, certains rebroussent chemin, d'autres partent en reportage photographique sur les souches brûlées et les écureuils. Nous croisons le Grizzly Giant, un mastodonte de 2700 ans dont l'une des branches fait un peu plus de 2m de diamètre. Tout autour de ces vieillards, interdit de marcher, et donc d'aller les toucher, car les racines de séquoias sont en surface et le tassement de la terre n'est pas bon pour elles. De plus, on voit à chaque fois des troncs d'arbres morts tout autour, comme des sacrifiés pour la survie du géant. Mais ce ne sont pas des troncs d'arbres. Ce sont des branches tombées. Impressionnant.
Nous croisons également le Fallen Monarch, le Monarque Déchu : un séquoia mort, tombé il y a plus de trois siècles de tout son long qui a échappé à la décomposition grâce à l'acide tannique contenu dans son écorce et qui expose ses "courtes" racines en un enchevêtrement sombre qui fait penser à une araignée monstrueuse. Sur la piste se trouvent aussi le Célibataire et les Grâces : un séquoia énorme qui se tient devant un alignement de trois autres un peu en arrière et qui forment un ensemble surprenant. Les trois Grâces ont poussé vraiment très proches les unes des autres.
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Nous nous retrouvons tous au niveau de l'incontournable giftshop, le magasin de souvenirs. Eléa a encore des cadeaux à faire. Tiens des glaces. Allez, c'est les vacances. On ressort avec un cône séquoïesque pour moi et une grosse glace à la fraise pour Eléa. Nous rejoignons la deuxième partie du groupe qui attend la navette. Ah oui : nous nous sommes garés sur un parking d'où des navettes gratuites nous emportent vers le début de la piste. Nous retrouvons donc Yann, Prisca et quelques autres là, dans la queue.
Prisca lorgne ma glace et veut la goûter. Même pas en rêve, elle est malade. Elle m'en réclame une, du coup. Je repars avec Olivier qui en veut une aussi, avec une commande de Yann également. Dans la giftshop, pas mal de monde. Nous patientons. Puis vient notre tour. Au moment où l'employé s'occupe de nous, sa caisse plante. Obligés de changer. Une autre employée vient le remplacer.
Soudain j'entends mon nom, crié depuis dehors. Je tourne la tête, la navette vient d'arriver, Yann nous fait signe de laisser tomber les glaces et d'arriver vite. Les gens sont en train de monter. Olivier me regarde et me demande si on y va. C'est trop bête. Ça va pas prendre longtemps. L'employée commence déjà à taper sur sa machine. 11$ et des brouettes. Je tends l'argent, je compte les cents parce que j'en ai beaucoup, c'est pénible, je veux m'en débarrasser. "Olivier ! Olivier !!" L'autre Olivier est déjà reparti avec les glaces pour dire au bus d'attendre. Je tourne la tête : ils sont tous dans le bus, Yann est en train de bloquer la porte pour ne pas qu'elle se referme !
Je ramasse mes cliques et mes claques, l'appareil photo dans une main, mon reste de cornet dans la bouche, l'autre main sur mon chapeau pour ne pas le perdre, je cours comme je peux avec mon sac à dos pour sauter dans le bus où tous les passagers (un gros groupe de Français) scandent mon nom en rigolant avant de me siffler dès que je suis à bord et que les portes se sont refermées. La honte.
Nous faisons un dernier arrêt à Tunnel View, où la route offre une vue imprenable sur une vallée magnifique. À gauche, El Capitan, une falaise granitique de 1186m d'à pic à faire pâlir les grimpeurs du dimanche. La surface est complètement polie par le passage des glaciers, couvert de forêts de nos jours. En face, le half-dome, le demi-dôme, une sorte de demi-pain de sucre, majestueux.
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on a perdu Kristell !
Nous repartons vers 18h, seuls avec notre voiture. Les autres ont disparu, on ne sait pas où ils sont. Tant mieux, on n'aura pas besoin de se suivre pour arriver à l'hôtel ce soir. GPS allumé direction : Los Baños, Californie.
Los Baños est une ville typiquement "far west". Elle semble avoir grandi le long de la route principale, qui s'étire sur plusieurs kilomètres. Chaque rue transversale est large comme un boulevard en France. Après la voie de chemin de fer, plus rien. Nous trouvons le Sun Star Inn près d'un Burger King où nous allons manger de bons burgers avec de vraies frites, bien cuites et goûteuses, à la différence de chez McDo.
Demain, retour vers la côte.
Notre Avis sur 5
... qui n'engage que nous!
Yosemite National Park : 🤩🤩🤩🤩🤩
✅ Encore une magnifique découverte, très nature évidemment. Des arbres monumentaux, un cadre paisible à toute heure, et les monstres granitiques environnant (El Capitan, half-Dome)
