Nuit horrible s'il en est : choix de la chambre à la dernière minute pour ne pas dire à l'arrache égale conditions pourries, notamment : pas de clim. Cette chambre est un four, il est tout simplement impossible de fermer l'oeil. Même Pentax se réveille en pleine nuit pour me demander si ça me dérange d'ouvrir les fenêtres. Nous finirons la nuit au doux bruit de la circulation et des dames qui attendent le bus, sans parler du jour qui se lève, tôt, très tôt au Portugal, décalage horaire oblige.
La journée s'annonce néanmoins sympathique : nous avons pour mission de découvrir le plus vieux quartier de Porto : Ribeira, qui glisse doucement dans le Douro, dévoilant ses ruelles étroites et ses maisons colorées au soleil déjà chaud ce matin.
Nous ne touchons pas à la voiture, par peur de ne pas trouver d'autre place en centre-ville, surtout un samedi matin, avec cette foule de touristes. Nous partons donc à pied, la tablette à la main, le guide dans l'autre, et rejoignons rapidement le point de départ de la visite du quartier de Ribeira concoctée par le Lonely Planet.
RIBEIRA
Même si je m'attendais à un vieux quartier, je n'avais absolument pas idée ce que l'on allait voir. Le guide annonçait le "Porto de cartes postales" et ne mentait pas. Au détour d'une ruelle, on se retrouve face à des vieillards discutant le bout de gras entre eux sans prêter attention aux touristes. Ici, les mouettes survolent les toits et lâchent des fientes à qui mieux-mieux, là, c'est la dame du haut de l'immeuble qui doit laver le sol chez elle car elle vide régulièrement son seau dans la rue, en regardant quand même s'il y a quelqu'un en-dessous. Un vrai film !
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Partout de la musique, des gens qui chantent, des gens qui dansent, des gens qui sourient et vous embrassent, un panier de fleurs au bras, des fleurs partout, dans le ciel, semées sur les pavés multicolores, accrochées aux façades de cette Rua des Flores, tressées en couronnes dans les cheveux des jeunes filles, épinglées aux vêtements et je me rends compte que c'est en fait une hallucination causée par l'haleine du curieux personnage qui vient de me proposer du shit (de la DROOOOGUE pour les plus anciens d'entre vous, lecteurs) en douce, en pleine rue piétonne ! Lui, c'est sûr, il tourne pas aux Gitanes maïs ! D'ici ce soir en fait, on m'en proposera trois fois. Je dois avoir la tête à ça, comme me l'intime Olivier, avec mon crâne rasé. Alors qu'en Inde on me prenait pour un pélerin. C'est le monde à l'envers.
Nous visitons l'église des Clerigos (des Clercs), apparemment la plus haute du Portugal et agrémentée d'une tour de 76 mètres de haut à laquelle nous montons, histoire de suer un peu plus. Mais le coup d'oeil en vaut la peine.
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Quelques dizaines de marches plus tard, nous continuons de nous enfoncer dans le quartier de Ribeira et déjeunons dans un petit restaurant caché à l'intérieur d'une minuscule ruelle où un employé fait le barbecue des clients et enfume tout le voisinage. Une soupe et un plat très copieux de poisson ou de viande, avec 3 garnitures... pour 10 euros ! Que demande le peuple ! Et en plus, le serveur parle raisonnablement bien le français. Mon saumon grillé est délicieux, comme le veau en sauce d'Olive.
L'heure d'après, nous nous retrouvons sur les berges du Douro qui ressemblent peu ou proue aux quais à Bordeaux, un jour de fête. Tous les bars et restaurants y vont de leur terrasse et les gens s'y amassent par centaines, c'est hallucinant. Au moins autant que les gros poissons (des carpes? des brochets?) qui s'aglutinent devant la sortie d'un tunnel d'égoût, suspectons-nous. Sur trois ou quatre mètres carrés, on se croirait dans un étang de pisciculture. Une vraie partie fine sous les appareils photo de ces voyeurs de touristes (dont moi, of course).
Sur la gauche se dresse le fameux Ponte de Dom Luis, pont conçu et bâti par un élève de Gustave Eiffel : tout en ferraille bien sûr, s'étendant d'une rive à l'autre en une arche majestueuse et supportant deux travées : la supérieure pour le tramway et les piétons, l'inférieure, pour les voitures et les piétons et également les jeunes, locaux ou touristes, qui se jettent régulièrement dans le Douro de cette hauteur tout de même impressionnante avant de regagner la berge à la nage sous les applaudissements des touristes, le visage barré d'un large sourire de fierté. Tiens d'ailleurs, ce sont des Français qui se lancent à l'instant. Moment sympa.
MY TAYLOR'S IS RICH
Nous terminons la découverte du vieux Porto par la visite incontournable d'un chai, sur la rive opposée, où ils se concentrent tous (de tout temps, les négociants n'ont jamais voulu être associés ni soumis à la vie religieuse de Porto et à son clergé et se sont donc installés de l'autre côté du Douro). Nous nous décidons pour TAYLOR'S, qui revient régulièrement dans nos guides. La visite vaut 12 euros avec une dégustation de deux portos différents.
Nous apprenons enfin les différences entre les portos "ruby" et "tawny" (couleur et maturité) ou encore "vintage" (assemblage de vins d'un seul et même millésime jugé exceptionnel), ou même pourquoi les Anglais s'y sont mis les premiers (grâce aux Français : sous Louis XIV, un embargo fut placé sur les importations anglaises, donc les Anglais se sont vengés en délaissant les vins français et ont jeté leur dévolu sur les vins portugais, dont le Porto). Voilà pour l'histoire. Visite très intéressante, impressionnante et délicieuse pour finir : un porto blanc sec (oui, ça existe) et un rouge ma foi fort gouleyant.
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Nous rentrons finalement à la voiture après de longues, d'agonisantes dizaines de minutes de marche et non sans avoir visité - "été escroqué par" devrais-je dire - une librairie au soi-disant fantastique escalier en pseudo-colimaçon qui ressemble à un huit : il part en une volée de marches et se divise en deux avant de se réunifier à l'arrivée. Le décor un peu bric-à-brac du lieu fut semble-t'il une inspiration pour le magasin de baguettes magiques d'Olivander dans Harry Potter. Bref, ils ne savent plus quoi inventer pour faire venir les gens ET LEUR FAIRE PAYER UN DROIT D'ENTRÉE, remboursé en cas d'achat d'un livre !
Autant te dire, lecteur, que nous avons perdu là 6 euros, en deux temps, trois mouvements : l'escalier est bien là, mais soutenu par des échaffaudages. Nous sommes probablement plus d'une centaine de personnes dans cette librairie minuscule à tourner et virer principalement autour de cet escalier de malheur que personne ne peut photographier à cause de ces p-- d'échaffaudages... On y reste 5 minutes montre en main et on ressort, haletant, transpirant (encore davantage), fébriles, déçus et révoltés. J'irai bien leur dire, moi, à ces idiots qui font la queue pour prendre leur ticket, que ça sert à rien. Mais je ne le fais pas. J'ai moi-même attendu bêtement et personne n'est venu me dire quoi que ce soit. Chacun sa croix.
Notre bière est aussi froide que le coeur de ton ex !
Retour à la voiture, donc. Direction la deuxième chambre, plus proche du centre cette fois. En fait, à 700 m de notre première chambre. On décharge après avoir trouvé une place de parking éloignée, puis un garage pour la nuit pour 10 euros (le prix d"une soupe et d"un plat complet plus bas dans la ville !) puis nous voilà repartis sur la berge opposée, en face du vieux quartier, pour m'installer pour l'heure et demi suivante et shooter mon premier time-lapse de voyage : le coucher de soleil sur Porto. J'ai l'impression de l'avoir foiré en plus, manque de préparation oblige, on ne se refait pas. Une fois le soleil bien couché et bordé jusqu'à demain, nous partons en quête d'un lieu où dîner, et de préférence des salades. Histoire de faire un peu light pour changer.
Effectivement, le time-lapse a bien été raté! Mais il reste les photos...
Fidèles à nous-mêmes, nous mangerons finalement notre salade dans des sandwiches McDo que nous engloutissons tristement sur la Plaça de la Liberdade alors qu'un camion d'éboueurs vient collecter et compacter les poubelles du quartier (et possiblement de tout le Portugal, vu le temps qu'il met) sous notre nez. Quand ça veut pas...
C'est promis, juré, craché : demain, ça sera petit déjeuner aux pasteis de nata, pour la peine.
Notre Avis sur 5
... qui n'engage que nous!
Porto : 🤩🤩🤩🤩🤩
✅ Un gros, un énorme coup de coeur pour la ville. Incontournable.
Taylor's : 🤩🤩🤩🤩
✅ Visite des chais très instructive et intéressante. ET un peu de fraîcheur ne fait pas de mal, avec la dégustation en plus!
