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Un petit déjeuner dégueu, ça faisait longtemps ! C'est peut-être pour cela qu'involontairement, nous partons sans payer l'hôtel. La fille de la patronne nous court après dans la rue. La honte intégrale.
Nous embarquons un peu tardivement donc pour Fátima. Nous n'avons pas la fibre particulièrement religieuse, surtout moi, mais je suis curieux de voir à quoi peut resssembler cette petite bourgade après la bombe atomique que représenta l'apparition de la Vierge à trois petits bergers en 1917.

 

 

LA VIERGE À FÁTIMA

 

ChildrensofFatimaResituons les faits : le 13 mai 1917, Lúcia Santos, 10 ans, et ses deux cousins Jacinta et Francisco Marto gardaient les troupeaux de leurs parents à la sortie du village. Soudain, un éclair frappa la terre et une femme "plus lumineuse que le soleil" apparut aux enfants. Selon Lúcia, elle apportait un message exhortant les fidèles à prier et à faire pénitence pour sauver les pécheurs. Elle demanda aux enfants de réciter le chapelet tous les jours afin, dit-elle, d'apporter la paix dans le monde. La paix faisait partie des préoccupations premières des Portugais, fortement engagés dans la Première Guerre mondiale. Elle demanda ensuite aux enfants de revenir le 13 de chaque mois, à la même heure et au même endroit, et qu'elle se révélerait à eux en octobre.
L'histoire de l'apparition se propagea mais fut au début accueillie tièdement. Seule une poignée de curieux vint dans le champ le 13 juin, puis le mois suivant ils étaient des milliers lorsque l'apparition confia trois secrets aux enfants. Dans les semaines qui suivirent, les médias s'emparèrent de l"histoire et accusèrent l'Eglise de vouloir relancer sa popularité déclinante en montant cette affaire. Les enfants furent arrêtés, interrogés mais aucun des trois ne changea son récit.

 

Le samedi 13 octobre 1917, malgré la pluie, quelque 70 000 personnes accoururent pour ce qui devait être la dernière apparition. Vers 13h30, une trouée perça la couverture nuageuse. Beaucoup affirmèrent avoir assisté au "Miracle du soleil" qui sembla danser et grossir dans le ciel, tourbillonner et lancer des faisceaux multicolores. Certains parlèrent de guérisons miraculeuses, d'autres furent effrayés et d'autres encore ne virent rien. Les trois enfants racontèrent avoir eu trois visions séparées, dont celle de Jésus, Marie et Joseph dans le ciel. Dans tout le pays, les journeaux rendirent compte de l'événement, mettant le Portugal en émoi.
Seule Lúcia atteindra l'âge adulte, devenue carmélite à Coimbra et décédée en 2005, à 97 ans. Francisco et sa soeur Jacinta furent emportés en 1919 et 1920, à 11 et 10 ans, par l'épidémie de grippe espagnole de 1918 et béatifiés en 2000. Le processus de béatification de Lúcia est toujours en cours.

 

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 La foule et les enfants lors de la dernière apparition, le 13 octobre 1917. A droite, photographie "originale" du phénomène.

 

LES SECRETS

 

Un voile de mystère enveloppe les trois secrets communiqués aux trois petits bergers en 1917. Lúcia révéla les deux premiers en 1941 : le premier était une vision de démons et d'âmes humaines souffrant dans les flammes de l'enfer. Le deuxième annonçait une guerre encore plus désastreuse que la Première Guerre mondiale si le monde, et en particulier la Russie, ne se convertissait pas. Annoncée quelques mois avant la prise de Saint-Pétersbourg par les bolcheviks, cette prédiction fut considérée comme particulièrement incendiaire. (Et très honnêtement, ça sentait un peu la récup' politique, non?) Lúcia refusa pendant longtemps de révéler le troisième secret, affirmant que la Vierge lui avait demandé de garder un silence éternel. Malade et convaincue de mourir, et pressée par un évèque local, elle finit par accepter de l'écrire en 1944.
Le secret fut communiqué au Vatican, qui le cacha pendant des décennies. Lúcia avait demandé qu'il soit révélé en 1960 ou à sa mort si elle survenait avant. Mais le Vatican ne l'entendait pas de la même oreille et annonça en 1960 que la prophétie resterait à jamais secrète.
Il fallut finalement attendre 2000 pour que l'Eglise accepte de révéler le contenu de la troisième prédiction. Lúcia raconta avoir vu un ange tenant une épée de feu poitée vers le sol et criant "Pénitence !", puis une ville en ruine jonchée de cadavres et au-delà, une montagne escarpée qu'escaladait un évèque vêtu de blanc en qui elle crut reconnaître le pape. Au sommet, il se fit abattre par des soldats.
Certains y virent une prédiction de l'attentat contre Jean-Paul II en 1981, le 13 mai, date anniversaire de l'apparition. Le souverain pontif affirma lui-même avoir été sauvé par la Vierge de Fátima. Certaines reconstitutions vont même jusqu'à affirmer que la balle suivit une étrange trajectoire elliptique, évitant les organes vitaux (certainement la même balle déjà utilisée pour assassiner JFK...) !
Pour finir, certains adeptes de la théorie du complot n'en démordent pas : l'Eglise cache le "véritable" troisième secret, qui annoncerait l'apocalypse et une grave apostasie (un renoncement à la religion) qui partirait du sommet de la hiérarchie catholique.

 

LA VISITE

 

Voilà pour l'histoire, tout de même passionnante, qu'on soit croyant ou pas. Tout d'abord, le lieu. La ville de Fátima est extrêmement moche. Nous y sommes entrés par deux côtés différents et à chaque fois des bâtiments type immeubles sociaux rivalisent de laideur. Un rond-point à l'entrée sud de la ville présente des statues des trois enfants voyant la Vierge, c'est à peu près tout.
Nous n'avons aucune difficulté à nous garer, les Portugais ont vu les choses en grand : il y a des parkings partout autour du sanctuaire, et comme nous ne sommes pas un 13, il n'y a pas tant de monde que ça. Je n'ose imaginer ce que cela sera dans un an, le 13 juillet ou le 13 octobre 2017, pour le centenaire. Lourdes et Bernadette pourront aller se rhabiller.

 

Le sanctuaire est un complexe de béton hallucinant, composé de trois grosses parties : la Basilique se dresse, blanche et droite depuis 1953, avec de part et d'autre ses colonnades qui rappellent Saint-Pierre.

 

 

Sur un côté, la Capela des Aparições (Chapelle des Apparitions), un espace couvert avec un autel et une statue de Marie dans une cage transparente, un chemin de marbre l'entourant et des bancs, marque le lieu précis où la Vierge serait apparue.

 

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Et au loin, à l'autre extrémité d'une immense esplanade dallée, la Basilica da Santissima Trinidade : un blockhaus circulaire blanc qui abrite entre autres une salle pouvant accueillir 9000 fidèles pour des messes XXL.

 

 

Le tout est couvert de dalles et d'un chemin de marbre que les pélerins peuvent parcourir sur les genous pour faire acte de pénitence, jusqu'à la Chapelle des Apparitions dont ils font le tour avant d'arriver en son coeur, devant cette statue de la Vierge dont la couronne contient la balle qui a blessé le pape Jean-Paul II en 1981 et qu'il a offerte en signe de dévotion et de remerciement. Du grand spectacle, je vous dis !

 

 

Nous parcourons d'abord l'esplanade, stupéfaits de l'aménagement de l'ensemble. Il faut se souvenir que ce même lieu, il y a 99 ans, était un champ ! La colonnade est belle bien sûr, et la Chapelle des Apparitions suscite l'intérêt : on regarde les pénitents avancer lentement sur les genoux, accompagnés ou pas par quelqu'un qui marche à leur côté et leur tient la main. Certains progressent même à quatre pattes. Beaucoup regardent, prennent des photos (on en fait partie), mais tout se fait néanmoins dans le plus grand respect. Il y a des boîteux, des paralytiques, des jeunes, des vieux, la foule est hétéroclite.
A l'intérieur de la Basilique de Notre Dame de Fátima, les tombes des trois visités, Lúcia, Jacinta et Francisco sont près de l'autel, en marbre, ornées de sculptures métalliques. Là encore, les gens se recueillent, visitent, s'extasient.
Près de la Chapelle des Apparitions se tient un bûcher où l'on peut jeter des offrandes, faire des dons (remis à des oeuvres caritatives) ou allumer et finalement laisser fondre des cierges. La chaleur est intenable et le grésillement des plus gros cierges fait penser au bruit d'une cascade. C'est étrange.

 

 

 

MOUAIS

 

Tant de ferveur et de sentiment religieux exacerbé nous laissent plus que dubitatifs. L'endroit originel a été défiguré. Des millions ont été engloutis dans la réalisation de ces oeuvres pharaoniques. Il est évident que le site ne pouvait pas être conservé tel quel mais se pose alors la question de la gestion de cette ferveur des pélerins qui affluent par millions chaque année. Des espaces ultra-modernes sont conçus, là encore pour faciliter cette gestion des hommes et de leur foi, mais qui laissent un goût un peu amer et une impression de gigantesque usine capitaliste qui doit tourner pour être rentable : dans la nouvelle basilique-blockhaus, de petites salles de confession ressemblent à des mini halls de gare où tout le monde attent sont tour, assis sur des sièges-banquettes, les yeux rivés sur des écrans plats dernière génération où défilent les noms de prêtres confesseurs, les langues parlées et leur statut (occupé/libre). Cela pourrait être choquant si ce n'était d'abord comique.

 

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Ah oui : et les pénitents qui font le trajet à genoux ente le blockhaus et la Chapelle des Apparitions, puis le tour de celle-ci avant d'y pénétrer (à vue de nez, probablement pas loin de 8 à 900 mètres de marbre poli par les passages précédents), ces pélerins sont équipés de genouillères moltonnées pour faciliter la pénitence. Euh... j'ai mal lu le dictionnaire ou y'a quand même un problème..? 

 

 

Nous mangeons sur place, satisfaits néanmoins d'avoir fait le déplacement et vu le site. C'est un quasi-incontournable.

 

 

LES DINOSAURES

 

Nous changeons ensuite complètement d'époque et remontons au Triassique et Jurassique en descendant une dizaine de kilomètres au sud pour aller observer pour la première fois de notre vie de véritables empreintes de dinosaures !
Le site est une sorte de carrière aménagée après la découverte de ces empreintes. Les grosses bébêtes sont passées par là un jour, ont marché dans des boues calcaires qui ont fini par se pétrifier au fil des millénaires et des mouvements tectoniques.
Le parcours fait 1,5 km sous un soleil chaud mais bien plus supportable que hier (on a perdu quasiment 10°C) et nous passons d'abord au dessus de la carrière, d'où nous craignons l'arnaque car nous ne voyons absolument aucune trace, puis nous descendons sur le plateau même et là c'est fantastique, elles sont là, on voit bien les "doigts" ou les marques de griffes, on voit les itinéraires empruntés, c'est idiot mais ces trous dans la pierre sont juste fascinants !

 

panneau de présentation / vue réelle

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ALCOBAÇA

 

Je vais la faire brève car ce compte-rendu est déjà bien trop long : encore un monastère. Oui, c'est bien et beau et intéressant. Mais il ne faudrait pas visiter le monastère de trop !
Le Monastère de Santa Maria d'Alcobaça est néanmoins magnifique, même s'il arrive un cran derrière celui des Templiers de hier. L'église attenante est magique et intriguante : dans sa nef très étroite et encore une fois d'une hauteur inimaginable, elle abrite les tombeaux de deux époux maudits (le roi Pierre 1er et sa maîtresse-puis-femme Dona Inès de Castro) disposés en vis-à-vis sur ordre du roi pour qu'au jour de la Résurection, les époux se relèvent face à face... Il faut dire que tout n'a pas été rose pour eux, et ils sont un peu les Roméo et Juliette de l'histoire portugaise : Dom Pedro, pas encore roi, tombe amoureux de la dame de compagnie espagnole de sa femme. Au décès de cette dernière, son père le roi Alphonse IV refuse qu'il épouse Dona Inès, craignant une éventuelle influence espagnole. Et il finit par la faire assassiner, ignorant que son fils l'a déjà secrètement épousée.
Lorsque Dom Pedro monte sur le trône deux ans plus tard, il fait exécuter les meurtriers d'Inès et dévore leurs coeurs. Il fait ensuite exhumer et couronner la dépouille de sa femme, ordonnant à la Cour de rendre hommage à la reine défunte en embrassant sa main décomposée !

 

  

 

La cuisine du monastère est époustouflante, avec ces énormes conduits de cheminées, tous recouverts d'azulejos, tout comme les murs. Un mini-canal a même été creusé pour pouvoir amener directement les poissons dans la cuisine ! Dans le réfectoire, les moines devaient manger dans un silence... monacal, tanis que l'un d'eux lisait la bible de la chaire, desservie par un magnifique escalier creusé dans le mur. Parmi les accès, une porte très étroite - pas plus d'une quarantaine de centimètres de largeur - servait d'étalon : les moines trop gros pour y passer devaient jeûner pour la franchir.

 

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CAMPING ?

 

Nous quittons le monastère vers 19h après avoir passé une éternité à prendre des photos des derniers rayons de soleil transperçant la rosace de la façade principale et accessoirement fulminant contre les touristes qui déambulaient en plein dans notre champ de photographie.
Pour ce soir, nous n'avons pas prévu d'hôtel, sur décision collégiale à deux. Nous partons donc à la recherche d'un camping vanté par le Routard, malgré les inquiétudes d'Olive qui s'amoncèllent tout comme les nuages dans le ciel. La température est encore descendue, on n'est plus qu'à 20°C ce soir. "Il va faire froid", commence-t'il. "Mais non, on a les sacs de couchage !" "oui, mais il va faire humide, c'est humide dehors, " continue-t'il. "Mais non, t'as chaud, c'est tout. On avait prévu le camping, non?" Tu parles qu'on l'avait prévu : on a même acheté une tente et un matelas exprès !
"Et s'il pleut..?"

...

La première adresse nous amène loin d'Alcobaça, trop loin en fait, surtout que la route se transforme vite en chemin de terre qui mène à des maisons en ruine... On est au bord de la crise de fou rire... Puis on finit par trouver ce foutu camping : le total opposé de ce qu'on disait. Chaque emplacement est une zone rectangulaire vaguement débroussaillée dans la forêt. On ne fait qu'entrevoir des caravanes, des tentes. La réception ? On ne la verra jamais. Perdue au fond, peut-être. Il est dit qu'il y a l'électricité, mais je ne vois aucune borne. Et pas l'ombre d'un bloc sanitaire.
Hôtel.
Finalement, c'est l'hôtel Santa Maria qui nous accueille ce soir, et c'est bien. On a bien fait d'aller à Fátima aujourd'hui. C'est un peu comme si la Vierge nous était venue en aide...

 

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Vue depuis la chambre

 

 

 

 

 

 

 

 Notre Avis sur 5 

 ... qui n'engage que nous!

 

Fátima : 🤩🤩🤩🤩

✅   Un quasi-incontournable, ne serait-ce que par curiosité. 

 

Site préhistorique (dinosaures) : 🤩🤩

✅  Curieux, insolite, mais oubliable.

Il faut avoir un peu d'imagination, tout de même!

 

Alcobaça, monastère de Santa Maria : 🤩🤩🤩🤩

✅  Une visite magique, une histoire passionnante.

 

 

 

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Pourquoi "Ways and Days"?

Ways, c'est "chemins" en anglais. Et days, jours, bien sûr.

A travers ce blog, je partage ma double passion : la photographie et les voyages. Rien de bien extraordinaire, évidemment, mais ce ne sont pas de simples voyages "géographiques" qui me font parcourir des chemins aux quatre coins du monde, même si l'attrait est évident. Je fais également de la photo d'UrbEx, c'est à dire d'exploration urbaine, qui m'entraîne à découvrir des lieux abandonnés : capter le souvenir de cette vie passée, de cette agitation qui n'est plus, capturer les traces du temps, de ces jours, de ces années, envolés, le délabrement progressif des murs, des meubles, des objets oubliés, ces atmosphères pétrifiées, imaginer des vies souvent d'une autre époque, penser à ces âmes qui ont un jour parcouru ces lieux constitue pour moi autant de voyages temporels.

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